Conseil
de sécurité
Intervention du représentant permanent de la France
auprès des Nations unies (New York,
Monsieur le Président,
Je vous remercie
d'avoir organisé ce débat. Je remercie également les intervenants.
Je félicite le
Luxembourg pour la manière dont il exerce la présidence du Groupe de travail,
et lui renouvelle le soutien de la France.
Monsieur le
Président,
Le dispositif des
Nations unies de protection des enfants dans les conflits a permis de
démobiliser des dizaines de milliers d'enfants.
Les plans d'action sont la pierre angulaire de ce
dispositif. En 2012, grâce à eux,
deux États ont été retirés de la liste d'infamie. Au total, la vingtaine de
plans d'action signés représentent autant de progrès pour la protection de
l'enfance dans les conflits.
Pour prendre tout leur sens, la mise en oeuvre de ces
plans d'actions doit se faire dans les meilleurs délais. C'est la garantie de
notre crédibilité. Pour cela, la communauté internationale et les Nations unies
doivent déployer toutes les ressources matérielles et humaines à leur
disposition.
Les plans d'action reposent sur la coopération des
États. Des progrès ont été accomplis dans ce domaine. Nous sommes encouragés à
cet égard par la coopération et la volonté politique démontrées par le Tchad
pour finaliser son plan d'action.
Le dispositif des Nations unies sur le terrain s'est
renforcé au fur et à mesure des années : pensons par exemple aux sections de
protection de l'enfance au sein des missions de maintien de la paix, qui jouent
un rôle crucial et dont le déploiement doit se poursuivre.
Monsieur le Président,
D'innombrables violations persistent cependant. Chaque
nouveau conflit nous renvoie à cette réalité : les enfants sont les premières
victimes des conflits.
Ils le sont en Syrie, où le régime et ses milices se
sont rendus responsables des pires atrocités à leur encontre : les enfants sont
torturés et soumis à des violences sexuelles en détention ; ils sont assassinés
sans pitié par des tireurs d'élite qui les visent à dessein pour terroriser les
populations ; leurs écoles sont bombardées sans relâche, à tel point que 6 %
des enfants ont accès à l'éducation dans la région d'Alep. Depuis le début de
la crise, plus de 6.500 enfants ont ainsi trouvé la mort en Syrie et ce chiffre
est probablement encore en dessous de la réalité.
Les violations à l'encontre des enfants en Syrie
doivent être condamnées d'où qu'elles proviennent. L'opposition syrienne se
dite prête à ouvrir un dialogue avec les Nations unies sur cette question. Nous
encourageons donc la Représentante spéciale à lancer, au plus vite, les
discussions en vue de la signature d'un plan d'action avec celle-ci. Au Mali,
les groupes armés au Nord ont tué, mutilé et torturé des enfants ; ils les ont
utilisés comme bouclier humain, et les ont enrôlés de force dans leurs rangs. La situation s'est améliorée depuis le début de l'année, mais reste
fragile. Le déploiement de la MINUSMA contribuera à la stabilisation du pays et
une meilleure protection des enfants.
En République
centrafricaine, les bandes armées de la Séléka se sont livrées à des pillages,
des viols et des exécutions sommaires. Elles n'ont pas hésité à s'attaquer aux
centres de démobilisation de l'Unicef afin de recruter des enfants qui avaient
été récemment démobilisés, détruisant ainsi les progrès accomplis l'année
dernière. Le chaos créé par les bandes armées a provoqué la fermeture de la
moitié des écoles du pays, accroissant ainsi la vulnérabilité d'enfants rendus
à eux-mêmes.
Dans les Kivus de la
République démocratique du Congo, les rebelles du M23 savent où trouver les
enfants pour alimenter sa guerre contre la souveraineté congolaise. Nous
comptons sur la MONUSCO et son mandat renforcé pour assurer la protection de
ces enfants et leur permettre de retrouver leurs familles.
Monsieur le
Président,
Alors que de nouvelles
crises apportent de nouveaux défis pour la protection de l'enfance dans les
conflits, la longue liste des violateurs persistants continue de porter
atteinte à la crédibilité de notre action. Elle nous impose de poursuivre nos
efforts.
En dehors des États
qui ont déjà signé un plan d'action et envers lesquels la priorité de notre
engagement doit se tourner, nous devons également améliorer notre réponse face
aux groupes armés qui souhaitent engager un dialogue avec les Nations unies,
mais auxquels l'accès est impossible.
Les États concernés
ont la responsabilité de tout faire pour assurer et faciliter l'accès à ces
groupes car nous sommes convaincus qu'afin d'assurer la protection des enfants
pris au piège des conflits, les considérations politiques doivent céder aux
impératifs humanitaires.
La France est
également favorable à ce que le groupe de travail puisse se constituer en
groupe de sanctions ad hoc pour faire face aux groupes armés extrémistes qui
refusent tout dialogue avec la communauté internationale et continuent leurs
violations en toute impunité.
La lutte contre l'impunité doit occuper une place
centrale dans notre action. Récemment, le transfert à la Cour pénale
internationale de M. Bosco Ntaganda a envoyé un signal fort concernant les conséquences
pénales du recrutement d'enfants, considéré comme un crime de guerre. C'est
pourquoi nous sommes favorables à un renforcement du dialogue avec la Cour
pénale internationale, ce qui pourrait passer dans un premier temps par une
invitation au procureur, Mme Fatou Bensouda, à venir faire une présentation au
Conseil sur cette question.
Monsieur le
Président,
La France est
également impliquée sur le terrain dans l'amélioration de la protection et de
la réinsertion durable des enfants dans les conflits armés. Nous menons depuis
2008 un programme dans la région de l'Afrique des Grands Lacs et de l'Afrique
Centrale qui a permis de toucher 13.000 enfants dont 2.000 enfants soldats.
Nous continuons à
appeler tous les États à endosser les Principes et Engagements de Paris, qui
sont complémentaires de l'action du Conseil de sécurité. Ils fournissent un
cadre solide à l'action de la communauté internationale pour la protection de
l'enfance dans les conflits armés. Nous allons faire évoluer le format des
prochaines réunions annuelles, qui prendront une dimension régionale et
technique, en vue d'une grande conférence de revue pour le dixième anniversaire
des Principes de Paris en 2017.
Avec nos partenaires
du Secrétariat et de l'UNICEF, je renouvelle notre appel à rejoindre sans plus
attendre la centaine d'États les ayant déjà ratifiés : n'oublions jamais que ce
sont des vies d'enfants et d'adolescents qui sont en jeu.
Je vous remercie./.
L. A. V.
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