Le Gladio disposait d’une base efficace dans le
Portugal de Salazar. Bien qu’on n’en connaisse qu’indirectement le
fonctionnement, via les enquêtes italiennes, l’historien Daniele Ganser a pu
établir son rôle au Portugal même et dans ses colonies africaines. Grâce à ce
dispositif, l’OTAN ne s’est pas contenté d’assassiner des opposants à Salazar,
mais aussi des leaders révolutionnaires africains de premier plan comme Amílcar
Cabral.
António de Oliveira Salazar (1889-1970) et le
généralissime Francisco Franco (1892-1975) : deux supporters du Reich
nazi, repêchés par l’OTAN pour lutter contre le communisme.
En mai 1926, le
général Gomes da Costa prit le pouvoir au Portugal par un coup d’État, abolit
la Constitution et le Parlement et instaura la dictature. Quelques années plus tard, le dictateur Salazar prit
les rênes du pays. Pendant la guerre civile espagnole, il soutint le général
Franco à qui il fournit des troupes et du matériel. Les deux hommes s’allièrent
pour garantir à Hitler et à Mussolini la neutralité de toute la péninsule
Ibérique, facilitant ainsi considérablement leur tâche sur le front ouest. Les
quatre dictateurs s’accordaient sur la nécessité de combattre et d’anéantir le
communisme en Union soviétique et dans leurs pays respectifs.
Mais l’URSS étant sortie victorieuse de la seconde
guerre mondiale et Hitler et Mussolini ayant été défaits, Salazar et Franco se
trouvèrent dans une position délicate en 1945. Cependant, les États-Unis du
Président Truman étant engagés dans une guerre mondiale contre le communisme,
les deux dictateurs de la péninsule purent bénéficier de l’appui silencieux de
Washington et de Londres. Malgré le soutien de Salazar au putsch de Franco et son alliance avec les
puissances de l’Axe, le Portugal fut autorisé à figurer, à la surprise de
beaucoup, au nombre des membres fondateurs de l’OTAN en 1949. S’en suivit un
règne quasiment sans partage de près de 40 ans jusqu’à ce que la mort de
Salazar en 1970 permette enfin au Portugal d’amorcer une transition
démocratique et d’intégrer l’Union Européenne.
À l’image de ce que l’on a pu observer dans les dictatures d’extrême droite
d’Amérique Latine et sous le régime autoritaire de Franco, le peuple portugais
était lui aussi surveillé en permanence par un appareil sécuritaire opérant dans
l’ombre et en dehors de tout cadre légal défini par le Parlement. Les coups
tordus visant l’opposition politique et les communistes se multiplièrent sous
le régime de Salazar. Ces opérations étaient menées par des services et organes
divers dont la tristement célèbre Policia Internacional e de Defensa do Estado
ou PIDE, les services secrets militaire portugais.
Aucune enquête approfondie n’ayant été menée sur les organisations
d’extrême droite et les opérations spéciales qui eurent cours sous la dictature
de Salazar, les liens avec le réseau stay-behind anticommuniste de l’OTAN
demeurent incertains. L’existence au Portugal d’armées secrètes proches de la
CIA et de l’OTAN fut révélée pour la première fois en 1990, suite à la
découverte du Gladio italien. « Au Portugal, une radio lisbonnaise a
rapporté que des cellules d’un réseau associé à l’Opération Gladio avaient été
employées durant les années cinquante pour soutenir la dictature d’extrême
droite du Dr Salazar », put-on lire dans la presse internationale. [1] Cinq ans plus tard, l’auteur américain Michael Parenti
écrivit, sans toutefois nommer ses sources, que des agents de Gladio avaient
« aidé à consolider le régime fasciste du Portugal ». [2]
Plus précisément, la presse locale révéla en 1990 que l’armée secrète du
Portugal existait sous le nom de code « Aginter Press ». Sous
le titre « "Gladio" opérait au Portugal », le
quotidien portugais O Jornal annonça à une population abasourdie que : « Le réseau secret,
conçu au sein même de l’OTAN et financé par la CIA dont l’existence vient
d’être révélée par Giulio Andreotti, disposait d’une branche au Portugal,
active dans les années soixante et soixante-dix. Elle portait le nom
d’"Aginter Press" » et fut vraisemblablement impliquée dans
des assassinats sur le territoire national ainsi que dans les colonies
portugaises en Afrique. [3]
Aginter Press n’avait strictement rien à voir avec la presse. Cette agence
n’imprimait ni livres ni brochures de propagande anticommuniste, mais
entraînait des terroristes d’extrême droite et donnait dans les coups tordus et
les opérations clandestines à l’intérieur et à l’extérieur des frontières du
Portugal. Cette organisation, aussi mystérieuse que violente, était soutenue
par la CIA et commandée par des cadres de l’extrême droite européenne qui, avec
l’aide de la PIDE, enrôlaient des militants fascistes. L’enquête menée par le
Sénat italien sur Gladio et le terrorisme permit d’établir que certains
extrémistes italiens avaient été formés par Aginter Press. Alors que l’on
apprenait au Portugal qu’une sous-division d’Aginter Press baptisée « Organisation
Armée contre le Communisme International » avait également opéré en
Italie, les sénateurs italiens découvrirent que l’organisation Aginter Press
avait reçu l’appui de la CIA et qu’elle était dirigée par le capitaine Yves
Guillon, plus connu sous le pseudonyme d’Yves Guérain-Sérac, un spécialiste des
opérations de guerre clandestine à qui les États-Unis avaient décerné plusieurs
médailles militaires dont l’American Bronze Star pour s’être distingué lors de
la guerre de Corée. « D’après ce qu’indiquent les résultats de
l’enquête criminelle », concluait le rapport d’enquête italien,
« Aginter Press était une centrale de renseignement proche de la CIA et
des services secrets portugais et spécialisée dans les opérations de
provocation. » [4]
Tandis que le gouvernement portugais répugnait à ouvrir une enquête sur
l’histoire sombre d’Aginter Press et de la guerre secrète, la Commission
sénatoriale italienne poursuivait, elle, ses recherches et, en 1997, elle
entendit le juge Guido Salvini. Véritable expert en matière de terrorisme
d’extrême droite, le magistrat avait examiné en détail les documents
disponibles sur Aginter Press. Le sénateur Manca l’interrogea : « La
CIA américaine est-elle, selon vous, directement responsable des opérations
menées par Aginter Press ? », ce à quoi le juge répondit :
« Sénateur Manca, vous posez là une question très importante »,
et demanda, compte tenu de la nature délicate de sa réponse, à pouvoir y
répondre en privé. On le lui accorda et tous les
documents furent dès lors classés confidentiels. [5]
En public, le juge Salvini expliqua qu’il est « difficile
de donner une définition exacte de ce qu’est Aginter Press », mais se
livra tout de même à une tentative de description : « C’est une
organisation qui, dans de nombreux pays, en Italie notamment, inspire et
soutient les plans de groupes soigneusement choisis qui agissent selon des
protocoles définis contre une situation qu’ils ont décidée de combattre. »
L’armée anticommuniste secrète de la CIA Aginter Press opère, poursuivit-il,
« en fonction de ses buts et de ses valeurs, qui sont essentiellement
la défense de l’Occident contre une probable et imminente invasion de l’Europe
par les troupes de l’URSS et des pays communistes ». [6] Toujours selon le juge italien, l’armée secrète portugaise
assurait, comme la plupart des autres réseaux d’Europe de l’Ouest, une double
fonction. Le réseau stay-behinds’entraînait secrètement pour une éventuelle invasion soviétique et, dans
l’attente de cette invasion, s’en prenait aux mouvements politiques de gauche,
suivant des stratégies de guerre clandestine pratiquées dans plusieurs pays
d’Europe occidentale.
Si bon nombre de ses membres avaient déjà servi dans
différents groupuscules anticommunistes au cours des années précédentes,
Aginter Press ne fut officiellement fondée à Lisbonne qu’en septembre 1966. Il semble que ses
fondateurs et la CIA aient été guidés moins par la crainte d’une invasion
soviétique que par les possibilités d’action interne. En effet, cette période
était marquée par les manifestations de la gauche dénonçant la guerre au
Vietnam et le soutien apporté par les États-Unis aux dictatures d’extrême
droite en Amérique Latine et en Europe, au Portugal notamment. Le dictateur
Salazar et sa police, la PIDE, redoutaient particulièrement les conséquences
d’un tel mouvement social susceptible de déstabiliser le régime, ils firent
donc appel à Aginter Press afin de l’enrayer.
La plupart des soldats de l’ombre qui furent recrutés par la CIA pour aller
grossir les rangs de cette armée secrète avaient déjà combattu en Afrique et en
Asie du Sud-Est où ils avaient en vain tenté d’empêcher l’accession à l’indépendance
des anciennes colonies européennes. Le directeur d’Aginter Press, le capitaine
Yves Guérain-Sérac lui-même, catholique fervent et ardent anticommuniste
recruté par la CIA, était un ancien officier de l’armée française qui avait
assisté à la défaite de la France face au Reich au cours de la seconde guerre
mondiale. Il avait également combattu pendant la guerre d’Indochine
(1946-1954), la guerre de Corée (1950-1953) et la Guerre d’Algérie (1954-1962).
Il avait servi dans la fameuse 11e Demi-Brigade Parachutiste de Choc, l’unité
chargée des coups tordus placée sous les ordres du SDECE, le service de
renseignement extérieur français, lui-même proche du réseau stay-behind Rose des Vents. En 1961, Guérain-Sérac
avait fondé, avec d’autres officiers aguerris du 11e Choc, l’Organisation de
l’Armée Secrète, ou OAS, qui lutta pour l’Algérie française et tenta de
renverser le gouvernement du général de Gaulle pour instaurer un régime
autoritaire anticommuniste.
Après que l’Algérie eut accédé à l’indépendance en 1962 et que de Gaulle
eut dissous l’OAS, les anciens officiers de l’armée secrète, dont
Guérain-Sérac, couraient toujours un grand danger. Ils fuirent l’Algérie et
offrirent aux dictateurs d’Amérique Latine et d’Europe leur grande expérience
de la guerre secrète, des opérations clandestines, du terrorisme et du
contre-terrorisme en échange du droit d’asile. [7] Cette diaspora de l’OAS vint renforcer les organisations
d’activistes d’extrême droite de nombreux pays. En juin 1962, Franco fit appel
aux talents d’Yves Guérain-Sérac afin qu’il rejoigne le combat de l’armée
secrète espagnole contre l’opposition. D’Espagne, Guérain-Sérac gagna ensuite
le Portugal, qui était à ses yeux le dernier empire colonial et surtout le
dernier rempart contre le communisme et l’athéisme. En parfait soldat de la
guerre froide, il offrit ses services à Salazar : « Les autres ont
déposé les armes, moi non. Après l’OAS, j’ai fui au Portugal pour continuer le
combat et le mener à sa véritable échelle - c’est-à-dire à l’échelle planétaire ». [8]
Au Portugal, Guérain-Sérac s’associa à des extrémistes français et à des
renégats de l’OAS. L’ancien pétainiste Jacques Ploncard d’Assac le présenta aux
milieux fascistes et aux membres de la PIDE. En raison de sa grande expérience,
Guérain-Sérac fut recruté comme instructeur au sein de la Legiao Portuguesa et
des unités de contre-guérilla de l’armée portugaise. C’est dans ce contexte
qu’il créa, avec l’aide de la PIDE et de la CIA, Aginter Press, une armée
anticommuniste ultra-secrète. L’organisation mit en place ses propres camps
d’entraînement dans lesquels mercenaires et terroristes suivaient un programme
de trois semaines de formation aux opérations secrètes comprenant notamment les
techniques d’attentat à la bombe, d’assassinat silencieux, les méthodes de
subversion, de communication clandestine, d’infiltration et de guerre
coloniale.
Aux côtés de Guérain-Sérac, le terroriste d’extrême droite Stefano Delle
Chiaie participa lui aussi à la fondation d’Aginter Press. « Nous
agissions contre les communistes, contre la bourgeoisie établie et contre la
démocratie qui nous avait privé de notre liberté. Nous étions donc forcés de
recourir à la violence », expliqua plus tard Delle Chiaie. « On
nous considérait comme des criminels mais en réalité nous étions les victimes
d’un mouvement libéral antifasciste. Nous voulions répandre nos idées, nous
voulions être entendus dans le monde entier. » Vers le milieu des
années soixante, Delle Chiaie, alors âgé de 30 ans, fonda avec Guérain-Sérac,
et avec le soutien de la CIA, l’armée secrète Aginter. « Avec un de mes
amis français[Guérain-Sérac], j’ai alors décidé [en 1965] de fonder l’agence de presse Aginter
Press afin de nous donner les moyens de défendre nos opinions politiques. » [9] Au cours des années qui suivirent, Delle Chiaie devint
peut-être le combattant le plus sanguinaire de la guerre secrète. En Italie, il
prit part à des coups d’État et à des attentats, dont celui de la Piazza
Fontana en 1969, et, avec le nazi Klaus Barbie, dit le « Boucher de
Lyon », il contribua à consolider le pouvoir de dictateurs
sud-américains. [10]
« Nos effectifs se composent de deux types d’hommes : (1) des
officiers qui nous ont rejoints après avoir combattu en Indochine et en Algérie
et même certains qui se sont engagés après la bataille de Corée »,
expliqua le directeur d’Aginter Guérain-Sérac en personne, « (2) des
intellectuels qui pendant cette même période se sont intéressés à l’étude des
techniques de subversion marxiste ». Ces intellectuels, comme il le
fit observer, avaient formé des groupes d’étude et partageaient leurs
expériences « pour tenter de disséquer les techniques de subversion
marxiste et de jeter les bases d’une contre-technique ». La bataille,
cela ne faisait aucun doute pour lui, devait être menée dans de nombreux
pays : « Au cours de cette période, nous avons établi des contacts
systématiques avec des groupes aux idées proches des nôtres qui ont émergé en
Italie, en Belgique, en Allemagne, en Espagne et au Portugal, dans l’optique de
constituer le noyau d’une véritable Ligue Occidentale de Lutte contre le
Marxisme ». [11]
Débarquant directement de théâtres d’opérations, de nombreux combattants de
l’ombre, et surtout leurs instructeurs, dont Guérain-Sérac, n’avaient que peu
d’estime ou de connaissance des méthodes de résolution pacifique de conflits.
Le directeur d’Aginter lui-même était convaincu, comme beaucoup d’autres, que
la lutte contre le communisme en Europe de l’Ouest impliquait nécessairement le
recours au terrorisme : « Dans la première phase de notre activité
politique, nous devons instaurer le chaos dans toutes les structures du régime »,
déclara-t-il sans préciser à quel pays il faisait allusion. « Deux formes
de terrorisme permettent d’obtenir un tel résultat : le terrorisme aveugle
(par des attentats visant un grand nombre de civils) et le terrorisme sélectif
(par l’élimination de personnalités ciblées). » Dans un cas comme dans
l’autre, l’attentat secrètement perpétré par l’extrême droite devait être
imputé à la gauche, comme le souligna le champion et idéologue du terrorisme
anticommuniste : « Ces attaques contre l’État doivent autant que
possible passer pour des “activités communistes” ». Les attentats terroristes
des armées secrètes étaient conçus comme un moyen de discréditer le régime en
place et de le contraindre à basculer à droite : « Ensuite, nous
devons intervenir au cœur de l’appareil militaire, du pouvoir judiciaire et de
l’Église, afin d’influencer l’opinion publique, de proposer une solution et de
démontrer clairement la faiblesse de l’arsenal juridique actuel (...) L’opinion
publique doit être polarisée de telle manière que nous apparaissions comme le
seul instrument capable de sauver la nation. Il semble évident que nous aurons
besoin de moyens financiers considérables pour mener à bien de telles
opérations. » [12]
Humberto Delgado, le « général sans peur », se
présente à l’élection présidentielle portugaise de 1958. Il est battu grâce à
une gigantesque fraude électorale et doit s’enfuir en Algérie. Il est assassiné
en 1965 par un commando de la PIDE préparé par le Gladio, sous le commandement
de Rosa Casaco.
La
CIA et la PIDE, les services secrets militaires de Salazar, se chargèrent de
fournir les fonds nécessaires à l’entreprise terroriste du capitaine
Guérain-Sérac. C’est dans un document interne d’Aginter intitulé « Notre
Activité Politique » et daté de novembre 1969 et qui fut découvert fin
1974 que celui-ci décrit comment un pays peut être la cible d’une guerre
secrète : « Notre conviction est que la première phase de
l’activité politique doit consister à créer les conditions favorables à
l’instauration du chaos dans toutes les structures du régime ».
Élément essentiel de cette stratégie, les violences perpétrées devaient être
mises à l’actif des communistes et chaque indice devait, bien entendu, mener à
cette conclusion. « Nous pensons qu’il faut, dans un premier temps,
détruire la structure même de l’État démocratique sous couvert d’activités
communistes ou pro-chinoises. » Le document insistait ensuite sur la
nécessité d’infiltrer les groupes de militants de gauche afin de mieux les
manipuler : « En outre, nous disposons d’hommes infiltrés dans ces
groupes et qui nous permettront d’agir sur l’idéologie même du milieu - par des
actions de propagande et autres, menées de telle manière qu’elles sembleront
être l’œuvre de nos adversaires communistes ». De telles opérations
menées sous fausse bannière, concluait ce plan d’action, « créeront un
sentiment d’hostilité à l’égard de ceux qui menacent la paix de chacune de nos
nations », comprenez les communistes. [13]
Au
cours de la première phase de leur plan, les officiers, mercenaires et
terroristes d’Aginter Press s’employèrent à affaiblir et à anéantir les factions
de guérilleros luttant pour l’indépendance des colonies portugaises. Vers le
milieu des années soixante, le premier théâtre d’opérations de l’organisation
ne fut donc pas l’Europe mais l’Afrique où l’armée portugaise était aux prises
avec des mouvements indépendantistes. Aginter déploya ses responsables
d’opérations dans les pays limitrophes de l’Afrique portugaise. « Leurs objectifs comportaient
l’élimination des leaders des mouvements de libération, l’infiltration,
l’établissement de réseaux d’informateurs et d’agents provocateurs et
l’utilisation de faux mouvements de libération. » [14] Ces guerres secrètes étaient menées en
coordination avec la PIDE et d’autres services du gouvernement portugais.
« Aginter correspondait par écrit avec la PIDE dans le cadre de ses
opérations spéciales et de ses missions d’espionnage. ». [15]
Amílcar Cabral, le leader du Partido Africano da
Independência da Guiné e Cabo Verde (PAIGC), rêvait de libérer la Guinée et le
Cap Vert du colonialisme portugais, et de les fusionner au sein d’un seul Etat
souverain et socialiste. Il a été assassiné en 1973 par le Gladio.
Parmi les plus importantes personnalités qui furent victimes des
assassinats orchestrés par Aginter au Portugal et dans les colonies figurent
vraisemblablement Humberto Delgado, leader de l’opposition portugaise, Amilcar
Cabral, l’une des figures emblématiques de la révolution africaine, et Eduardo
Mondlane, leader et président du parti de libération du Mozambique, le FRELIMO
(Frente de Liberaçao de Moçambique), qui fut tué en février 1969. [16]
Malgré la violence des méthodes employées, le Portugal ne parvint à empêcher
ses colonies d’accéder à l’indépendance. Goa fut rattachée à l’Inde en 1961. La
Guinée-Bissau devint indépendante en 1974, l’Angola et le Mozambique en 1975
tandis que, la même année, le Timor Oriental était envahi par l’Indonésie.
Parallèlement à ces guerres coloniales, Aginter Press joua également un
rôle majeur dans les guerres secrètes menées contre les communistes d’Europe
occidentale. Les documents disponibles sur les armées stay-behind de l’OTAN et la guerre clandestine
semblent indiquer que l’organisation lisbonnaise fut responsable de plus de
violences et de meurtres qu’aucune autre armée secrète du vieux continent. Ses
soldats de l’ombre agissaient avec une mentalité à part. Contrairement à leurs
homologues du P26 suisse ou du ROC norvégien, ils prenaient part à de
véritables guerres ouvertes dans les colonies et tuaient à la chaîne, sous le
commandement d’un capitaine qui, fort d’une expérience acquise en Indochine, en
Corée et en Algérie, ne concevait aucun autre moyen d’action que la violence.
L’exaction commise par les combattants de l’ombre au nom de la lutte contre
le communisme sur laquelle nous sommes le mieux renseignés est probablement
l’attentat de la Piazza Fontana qui frappa les capitales politiques et
industrielles de l’Italie, Rome et Milan, peu avant Noël, le 12 décembre 1969.
Ce jour-là, 4 bombes explosèrent dans les deux villes, tuant aveuglément 16
civils, pour la plupart des paysans qui se rendaient à la Banca Nazionale
Dell’Agricultura de Milan pour y déposer les modestes revenus d’une journée de
marché. Quatre-vingts autres personnes furent blessées et mutilées. L’une des
bombes posées sur la Piazza Fontana n’explosa pas à cause d’un
dysfonctionnement de la minuterie, mais quand les agents du SID et la police
arrivèrent sur les lieux, ils s’empressèrent de détruire les indices
compromettants en faisant exploser la bombe. L’exécution de cet attentat
obéissait strictement aux stratégies de guerre secrète définies par Guérain-Sérac.
Les services secrets militaires italiens attribuèrent cet acte à l’extrême
gauche, allant pour ce faire jusqu’à placer les composants d’un engin explosif
dans la villa de l’éditeur Giangiacomo Feltrinelli, connu pour ses idées de
gauche, et raflèrent dans la foulée de nombreux communistes. [17]
Un rapport interne du SID classé confidentiel et daté du 16 décembre 1969
soupçonnait déjà que les attentats de Rome et Milan aient pu être le fait de
l’extrême droite avec l’appui de la CIA. [18] Toutefois l’opinion publique italienne fut confortée dans
l’idée que les communistes italiens, alors très influents, avaient décidé de
recourir à la violence pour conquérir le pouvoir. En réalité, la paternité de
ces actes revenait vraisemblablement aux organisations fascistes Ordine Nuovo
et Avanguardia Nazionale qui agissaient en étroite collaboration avec les
armées stay-behind. Le militant d’extrême droite
Guido Giannettini, qui fut directement impliqué dans les attentats, était un
proche collaborateur de l’organisation portugaise Aginter Press. « L’enquête a
confirmé que des liens ont bien existé entre Aginter Press, Ordine Nuovo et
Avanguardia Nazionale », annonça le juge Salvini aux membres de la
commission d’enquête sénatoriale. « Il ressort clairement que Guido
Giannettini était en contact avec Guérain-Sérac au Portugal depuis 1964. Il est
établi que des instructeurs d’Aginter Press (...) se sont rendus à Rome entre
1967 et 1968 et y ont entraîné les membres d’Avanguardia Nazionale au maniement
des explosifs. » Le juge Salvini conclut, sur la base des documents
disponibles et des témoignages recueillis, qu’Aginter Press, une façade de la
CIA, avait joué un rôle décisif dans les opérations de guerre clandestines
menées en Europe de l’Ouest et avait entrepris une série d’attentats très
meurtriers en vue de discréditer les communistes italiens. [19]
Ces faits furent confirmés en mars 2001 par le général Giandelio Maletti,
ancien patron du contre-espionnage italien, qui témoigna dans le cadre du
procès de militants d’extrême droite accusés d’avoir provoqué la mort de 16
personnes lors des attentats de la Piazza Fontana. Devant le tribunal de Milan,
Maletti déclara que : « La CIA, suivant les directives de son
gouvernement, voulait faire naître un nationalisme italien capable d’enrayer le
basculement à gauche du pays et, dans cette optique, il n’est pas impossible
qu’elle ait fait appel à des terroristes d’extrême droite ». Ce
témoignage capital assimilait la CIA à une organisation terroriste. « N’oubliez
pas que c’est Nixon qui était alors aux affaires », rappela le
général, « et Nixon n’était pas un type ordinaire, un très fin
politicien mais un homme aux méthodes peu orthodoxes ». [20] Le juge italien Guido Salvini confirma que tous les pistes
conduisaient à « un service de renseignement étranger ».
« Par “service de renseignement étranger”, vous entendez la CIA ? »,
insistèrent les journalistes italiens à qui Salvini fit cette réponse
prudente : « Nous sommes en mesure d’affirmer que nous savons
pertinemment qui a participé à la préparation des attentats et qui était assis
à la table lorsque les ordres ont été donnés. C’est incontestable. » [21]
Non content de lutter contre le communisme en Italie, le capitaine
Guérain-Sérac était fermement résolu à mener le combat à l’échelle mondiale.
Dans ce but, des agents d’Aginter, dont l’Américain Jay Sablonsky,
participèrent aux côtés de la CIA et des Bérets Verts à la tristement célèbre
contre-guérilla au Guatemala qui fit, entre 1968 et 1971, environ 50000 morts,
des civils pour la plupart. Les hommes d’Aginter étaient également présents au
Chili en 1973 où ils participèrent au coup d’État par lequel la CIA remplaça le
Président socialiste démocratiquement élu Salvador Allende par le dictateur
Augusto Pinochet. [22] Depuis le refuge que constituait la dictature d’extrême
droite de Salazar, Aginter Press pouvait ainsi envoyer ses soldats de l’ombre
combattre dans de nombreux pays du monde entier.
Cette situation perdura jusqu’à la « Révolution des œillets »
de mai 1974 qui mit un terme à la dictature et ouvrit la voie au rétablissement
de la démocratie au Portugal. Les combattants de l’ombre savaient que la survie
de leur organisation était étroitement liée à celle du régime totalitaire. En
apprenant que des officiers de gauche de l’armée portugaise préparaient un
putsch qui devait initier la Révolution des œillets, les agents d’Aginter
complotèrent avec le général Spinola en vue d’éliminer les centristes
portugais. Ils prévoyaient d’envahir l’archipel des Açores afin
d’en faire un territoire indépendant et de l’utiliser comme une base arrière
pour lancer leurs opérations sur le continent.
Le projet ayant échoué, Aginter fut balayée en même
temps que la dictature quand le 1er mai 1974 les officiers gauchisants prirent
le pouvoir mettant ainsi un terme à près de 50 ans de totalitarisme. Trois semaines plus
tard, le 22 mai, sur ordre des nouveaux dirigeants du pays, des unités
spéciales de la police portugaise investirent le quartier général d’Aginter
Press de la Rua das Pracas à Lisbonne afin de fermer la sinistre agence et de
saisir tout le matériel. Mais quand elles
arrivèrent sur place, les locaux avaient déjà été vidés. Grâce à leurs contacts
au sein des services de renseignement, les agents de l’organisation avaient pu
être prévenus à temps et disparaître dans la nature, aucun d’entre eux ne fut
arrêté. Dans leur précipitation, ils oublièrent cependant quelques documents. Les
forces de police parvinrent à recueillir un grand nombre de preuves établissant
la responsabilité de la filiale de la CIA Aginter Press dans de nombreux actes
de terrorisme.
Comme la jeune démocratie tentait d’en finir avec l’ancien appareil
sécuritaire hérité de la dictature, la PIDE, les services secrets militaires et
la Legiao Portuguesa furent dissous. La « Commission pour le démantèlement
de la PIDE et de la Légion Portugaise » (Comissao de Extinçao da PIDE e
da Legiao) découvrit bientôt que la PIDE avait, avec le concours de la CIA,
dirigé une armée secrète baptisée Aginter Press ; elle demanda à consulter
les dossiers réunis sur l’Agence suite à la perquisition de ses locaux et qui
renfermaient toutes les preuves nécessaires. Pour la première fois, l’histoire
de l’armée secrète portugaise allait faire l’objet d’une enquête. Mais soudain
tous les dossiers se volatilisèrent. « Le dossier “Aginter Press” fut
dérobé à la Commission pour le démantèlement de la PIDE et de la Légion
Portugaise et disparut définitivement », déplora le quotidien
portugais O Jornal quelques années plus tard dans un article consacré au réseau Gladio. [23]
Comment cela a-t-il pu se produire ? Pourquoi la commission s’est-elle
montrée aussi négligente face à des informations aussi essentielles ?
L’Italien Barbachetto qui travaille pour le magazine politique milanais L’Europeo écrivit par la suite : « Trois
de mes collègues étaient présents lors de la saisie des archives d’Aginter. Ils
n’ont pu photographier que quelques fragments de la quantité considérable de
données recueillies ce jour-là. » Sous les titres « Mafia »
ou « Contributeurs financiers allemands », les documents
saisis révélaient les noms de codes des partenaires d’Aginter. « Les
documents ont été détruits par l’armée portugaise », indiquait
Barbachetto, « elle cherchait visiblement à éviter des incidents
diplomatiques avec les gouvernements italien, français et allemand, incidents
qui n’auraient pas manqué de survenir si les activités d’Aginter dans ces pays
avaient été dévoilées ». [24]
La PIDE fut remplacée par un nouveau service de renseignement portugais, le
SDCI, qui enquêta sur Aginter et conclut que la sinistre organisation avait eu
4 missions. Tout d’abord, elle avait servi de « bureau d’espionnage
dirigé par la police portugaise et, à travers elle, par la CIA, le BND
ouest-allemand ou “Organisation Gehlen”, la Direccion General de Seguridad
espagnole, le BOSS sud-africain et, plus tard, le KYP grec ».
Parallèlement à cette fonction de collecte de renseignement, Aginter Press
avait également fait office de « centre de recrutement et
d’entraînement de mercenaires et de terroristes spécialisés dans le sabotage et
l’assassinat ». Selon le rapport du SDCI, l’Agence avait aussi été un
« centre stratégique pour des opérations d’endoctrinement d’extrême
droite et néo-fasciste en Afrique sub-saharienne, en Amérique du Sud et en Europe
menées en collaboration avec des régimes fascistes ou assimilés, des figures
bien connues de l’extrême droite et des groupes néo-fascistes actifs au niveau
international ». Enfin, Aginter
était la couverture d’une armée secrète anticommuniste, une « organisation
fasciste internationale baptisée “Ordre et Tradition” avec son aile
paramilitaire, l’OACI, “Organisation Armée contre le Communisme International” ». [25]
Après la chute de la dictature, Guérain-Sérac et ses activistes
anticommunistes fuirent le Portugal pour l’Espagne voisine où, sous la
protection de Franco, ils établirent leur nouveau quartier général à Madrid. En
échange de l’asile politique, les combattants d’Aginter, fidèles à leur
engagement, se mirent à la disposition des services secrets espagnols pour
traquer et éliminer les dirigeants du mouvement séparatiste basque ETA. Ils
poursuivirent leurs opérations clandestines à l’étranger et œuvrèrent notamment
à discréditer le Front de Libération National algérien. « Je peux vous
citer un autre exemple particulièrement intéressant », déclara le juge
Salvini aux sénateurs italiens et il leur révéla comment en 1975, depuis leur
base espagnole, les hommes de Guérain-Sérac assistés de l’Américain Salby et
d’extrémistes français, italiens et espagnols, avaient organisé une série
d’attentats qu’ils signaient SOA afin de compromettre les Soldats de
l’Opposition Algérienne.
« Les bombes furent placées dans les ambassades algériennes en
France, en Allemagne, en Italie et en Grande-Bretagne » et
détériorèrent l’image de l’opposition algérienne alors qu’en réalité « les
attentats étaient l’œuvre du groupe de Guérain-Sérac, ce qui donne une idée de
ses capacités de dissimulation et d’infiltration ». La bombe posée
devant l’ambassade algérienne à Francfort n’explosa pas et fut soigneusement
examinée par la police allemande. « Pour comprendre les liens unissant
Guérain-Sérac et Aginter Press, il suffit d’observer la complexité de l’engin
explosif », souligna le juge Salvini. « Il contenait du C4, un
explosif utilisé exclusivement par l’armée américaine dont on ne retrouve la
trace dans aucun attentat commis par des anarchistes. Je le répète, c’était une bombe très sophistiquée. Or
Aginter disposait de C4, on peut donc aisément en déduire les appuis dont elle
a pu bénéficier. ». [26]
Quand le régime dictatorial s’effondra à la mort de
Franco le 20 novembre 1975, Guérain-Sérac et son armée secrète furent une fois
de plus contraints de prendre la fuite. La police espagnole prit tout son temps
pour enquêter sur les traces qu’Aginter laissa derrière elle et ce n’est qu’en
février 1977 qu’elle perquisitionna au 39 de la rue Pelayo, le quartier général
de l’organisation, et découvrit un véritable arsenal composé de fusils et
d’explosifs. Mais Delle Chiaie, Guérain-Sérac et leurs soldats avaient depuis
longtemps fui l’Espagne pour l’Amérique latine où beaucoup d’entre eux
choisirent le Chili comme nouvelle base pour leurs opérations. Guérain-Sérac fut
aperçu pour la dernière fois en Espagne en 1997. [27]
L’armée secrète anticommuniste portugaise fit une nouvelle fois parler
d’elle en 1990, quand le Premier ministre Giulio Andreotti révéla que des
armées stay-behind bâties par l’OTAN existaient en Italie et dans d’autres pays. Le 17
novembre 1990, la vague atteignit Lisbonne où le quotidien Expresso rapporta sous le titre « Gladio.
Les Soldats de la guerre froide » que « le scandale a franchi
les frontières de l’Italie puisque l’existence de réseaux secrets Gladio a été
confirmée officiellement en Belgique, en France, aux Pays-Bas, au Luxembourg,
en Allemagne et semi-officiellement en Suède, en Norvège, au Danemark, en
Autriche, en Suisse, en Grèce, en Turquie, en Espagne, au Royaume-Uni et au
Portugal ». [28]
Très préoccupé, le ministre de la Défense portugais Fernando Nogueira
déclara publiquement le 16 novembre 1990 qu’il n’avait pas connaissance de
l’existence d’une branche du réseau stay-behind au Portugal et prétendit que ni son ministère ni l’État-major des armées
portugaises ne disposaient « d’informations quelles qu’elles soient
concernant l’existence ou l’activité d’un “structure Gladio” au Portugal ». [29] Le journal portugais Diario De Noticias regretta que : « Les déclarations laconiques de Fernando
Nogueira soient corroborées, d’une manière ou d’une autre, par d’anciens
ministres de la Défense, tels que Eurico de Melo et Rui Machete, ainsi que par [l’ancien ministre des Affaires étrangères] Franco Nogueira et le
maréchal Costa Gomes, qui nous ont confirmé qu’ils ne savaient absolument rien
de cette affaire. La même position a été adoptée par des parlementaires de
l’opposition membres de la Commission parlementaire de la Défense. » [30].
Costa Gomes, qui avait été officier de liaison auprès de l’OTAN, soutint
qu’il n’avait jamais eu connaissance d’un réseau clandestin bien qu’il eût
« assisté entre 1953 et 1959 à toutes les réunions de l’Alliance ».
Dans le même temps, il reconnut qu’il n’était pas impossible qu’un Gladio
portugais ait existé avec le soutien de la PIDE et de certaines personnes
étrangères au gouvernement. « De telles connexions », expliqua
Costa Gomes, « si elles ont vraiment existé, n’auraient pu fonctionner
que parallèlement aux structures officielles » et lui auraient donc
été totalement inconnues. Sur le même mode, Franco Nogueira, qui avait été
ministre des Affaires étrangères sous Salazar, déclara : « Je n’ai
jamais soupçonné l’existence de cette organisation. Ni lorsque j’étais aux
Affaires étrangères et que je côtoyais des responsables de l’OTAN ni plus tard. » Il précisa que si Gladio avait opéré au Portugal, « cette
activité aurait certainement été connue du Dr Salazar ». Comme le
sous-entendait Nogueira, Salazar aurait certainement communiqué cette
information au chef de sa diplomatie : « J’ai beaucoup de mal à
imaginer que ce réseau ait entretenu des liens avec la PIDE ou la Legiao
Portuguesa. C’est pourquoi je suis convaincu que ce Gladio n’a jamais existé
dans notre pays même si, bien sûr, dans la vie, rien n’est impossible. » [31].
Tandis que les représentants du gouvernement se refusaient à divulguer
toute information sur la guerre secrète, la presse portugaise ne pouvait que
constater l’évidence et déplorer que « visiblement, plusieurs
gouvernements européens [avaient]perdu le contrôle de leurs
services secrets » tout en dénonçant la « doctrine de
confiance limitée » adoptée par l’OTAN. « Une telle doctrine
implique que certains gouvernements n’en auraient pas suffisamment fait pour
combattre le communisme et qu’il n’était donc pas nécessaire de les tenir
informés des activités de l’armée secrète de l’OTAN. » [32] Seul un haut gradé de l’armée portugaise consentit à
révéler certains pans du secret sous couvert de l’anonymat. Un général, qui
avait commandé l’État-major portugais, confirma à un journaliste d’O Jornal qu’un « service d’information parallèle avait bel et bien existé au
Portugal et dans les colonies, dont le financement et le contrôle n’étaient pas
du ressort des forces armées mais dépendaient du ministère de la Défense, du
ministère de l’Intérieur et du ministère des Affaires coloniales. En outre, ce
service parallèle était directement lié à la PIDE et à la Legiao Portuguesa. » [33] Il n’y eut aucune enquête officielle sur le sujet, à peine
un simple rapport parlementaire. Le mystère soulevé par ces vagues
confirmations demeure par conséquent entier.
[1] John Palmer, « Undercover NATO
Group ‘may have had terror links’ » dans le quotidien britannique The Guardian du 10 novembre 1990.
[3] Joao Paulo Guerra,
« ‘Gladio’ actuou em Portugal » dans le quotidien portugais O Jornal du 16 novembre 1990.
[4] Senato della Repubblica.
Commissione parlamentare d’inchiesta sul terrorismo in Italia e sulle cause
della mancata individuazione dei responsabiliy delle stragi : Il
terrorismo, le stragi ed il contesto storico politico. Redatta dal
presidente della Commissione, sénateur Giovanni Pellegrino. Rome 1995, p.204
and 241.
[5] Commissione parlamentare d’inchiesta
sul terrorismo in Italia e sulle cause della mancata individuazione dei
responsabili delle stragi. 12e session, 20 mars 1997
[6] Commissione parlamentare
d’inchiesta sul terrorismo in Italia e sulle cause della mancata individuazione
dei responsabili delle stragi. 9e session, 12 février 1997
[7] Jeffrey
M. Bale, « Right wing Terrorists and the Extraparliamentary Left in
Post World War 2 Europe : Collusion or Manipulation ? » Dans le
périodique britannique Lobster
Magazine, n°2, octobre 1989, p.6.
[8] Hebdomadaire
français Paris Match,
novembre 1974. Cité dans Stuart Christie, Stefano
delle Chiaie (Anarchy
Publications, Londres, 1984), p.27.
[9] Egmont Koch et
Oliver Schröm, Deckname
Aginter. Die Geschichte einer faschistischen Terror Organisation, p.4.
(Essai non publié de 17 pages. Non daté, vers 1998).
[12] Ce document a
apparemment été découvert dans l’ancien bureau de Guérain-Sérac après la
révolution portugaise. Il figure dans le dictionnaire du terrorisme en Belgique
de Manuel Abramowicz.
[14] Ibid., p.30.
[15] Joao Paulo Guerra,
« ‘Gladio’ actuou em Portugal » dans le quotidien portugais O Jornal du 16 novembre 1990.
[17] Senato della Repubblica.
Commissione parlamentare d’inchiesta sul terrorismo in Italia e sulle cause
della mancata individuazione dei responsabiliy delle stragi : Il
terrorismo, le stragi ed il contesto storico politico. Redatta dal presidente
della Commissione, sénateur Giovanni Pellegrino. Rome 1995, p.157.
[18] Les chercheurs Fabrizio
Calvi et Frédéric Laurent, spécialistes des services secrets, ont probablement
réalisé le meilleur documentaire sur l’attentat de la Piazza Fontana : Piazza Fontana : Storia di un
Complottodiffusé le 11 décembre 1997 à 20 h 50 sur la chaîne publique Rai Due. Une adaptation en
français intitulée : L’Orchestre Noir : La Stratégie de la tensionfut
diffusée en deux partie sur la chaîne franco-allemande Arte les mardi 13 et mercredi 14 janvier
1998 à 20 h 45. Dans leur film, ils interrogent un grand nombre de
témoins y compris des juges ayant enquêté pendant des années sur l’affaire,
Guido Salvini et Gerardo D’Ambrosio, des activistes fascistes comme Stefano
Delle Chiaie, Amos Spiazzi, Guido Giannettini, Vincenzo Vinciguerra et le
capitaine Labruna, l’ancien Premier ministre Giulio Andreotti ainsi que Victor
Marchetti et Marc Wyatt de la CIA.
[19] Commissione parlamentare
d’inchiesta sul terrorismo in Italia e sulle cause della mancata individuazione
dei responsabili delle stragi. 9e session, 12 février 1997
[20] Philip Willan,
« Terrorists ‘helped by
CIA’ to Stop Rise of Left in Italy » dans le quotidien britannique The Guardian du 26 mars 2001. Willan est un
spécialiste des interventions secrètes états-uniennes en Italie. Il a signé le
très intéressant Puppetmasters.
The Political Use of Terrorism in Italy(Constable, Londres, 1991).
[21] Quotidien italien La Stampa du 22 juin 1996.
[22] Peter Dale
Scott, « Transnational Repression : Parafascism and the US »
dans le périodique britannique Lobster
Magazine, n°12, 1986, p.16.
[23] Joao Paulo Guerra,
« ‘Gladio’ actuou em Portugal » dans le quotidien portugais O Jornal du 16 novembre 1990.
[26] Commissione parlamentare
d’inchiesta sul terrorismo in Italia e sulle cause della mancata individuazione
dei responsabili delle stragi. 9e session, 12 février 1997.
[28] Quotidien portugais Expresso du 17 novembre 1990.
[29] Quotidien portugais Diario de Noticias du 17 novembre 1990.
[30] Aucun auteur spécifié,
« Ministro nega conhecimento da rede Gladio. Franco Nogueira disse ao DN
que nem Salazar saberia da organizacao » dans le quotidien portugais Diario de Noticias, du 17
novembre 1990.
[31] Ibid.
[32] Aucun auteur spécifié,
« Manfred Woerner explica Gladio. Investigadas ligacoes a
extrema-direita » dans le quotidien portugais Expresso du 24 novembre 1990.
[33] Joao Paulo Guerra,
« ‘Gladio’ actuou em Portugal » dans le quotidien portugais O Jornal du 16 novembre 1990.
Daniele Ganser
=Le Reseau Voltaire=
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