Les premières frappes pourraient avoir lieu dès ce week-end. Sans Londres et malgré les réticences des opinions publiques.
Le compte à rebours a
commencé pour la «punition» que Washington et Paris veulent
infliger à Bachar al-Assad.
Les Etats-Unis ont rendu publiques, vendredi, leurs «preuves» que le régime syrien a bien employé
des armes chimiques à la Ghouta, le 21 août. Et Hollande a assuré que
la France était «prête» à «infliger une sanction» au régime syrien. Les frappes, qui
pourraient consister en des tirs de missiles de croisière depuis les cinq
destroyers américains déployés en Méditerranée, pourraient débuter dès ce
week-end, quand les inspecteurs de l’ONU auront quitté la Syrie, calcule-t-on à
Washington.
«Le monde a l’obligation» de faire respecter l’interdiction des armes chimiques, a dit
Barack Obama vendredi, soulignant que le massacre syrien «menace les
intérêts de sécurité nationale» des
Etats-Unis et de leurs alliés. «Je n’ai pas pris la décision finale», a-t-il noté, précisant considérer une
action «étroite» et «limitée», sans «bottes sur le terrain».
Preuves. La fenêtre de tir est étroite pour Obama, qui gagnera mardi la
Suède, puis le sommet du G20 à Saint-Pétersbourg. Frapper avant aurait
l’avantage de mettre les Russes devant le fait accompli pour tenter de
réenclencher la machine diplomatique à Saint-Pétersbourg.
«Nous savons», a martelé vendredi
le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, présentant le rapport des services
américains et soulignant que les attaques de la Ghouta avaient fait «au moins» 1 429 morts, dont
426 enfants. Dans les jours précédant le 21 août, des
spécialistes syriens«préparaient des munitions
chimiques», ont noté
les renseignements américains. Le jour du massacre, des communications
interceptées par ces mêmes services «ont confirmé que des armes chimiques ont été
utilisées par le régime», un «officiel
haut placé» s’étant
inquiété du fait que les inspecteurs de l’ONU puissent rassembler des preuves
concernant les attaques, précise le rapport. «La question est de savoir
ce qu’on va faire», a poursuivi Kerry,
soulignant le «risque de ne rien faire», qui reviendrait à laisser «un voyou et
un assassin» massacrer
son propre peuple.
Aux Etats-Unis, les doutes
sur le bien-fondé de «frappes punitives» sont pourtant nombreux, au Pentagone,
au département d’Etat ou au Congrès. Militaires et diplomates redoutent une
intervention «à l’aveugle», «sans
stratégie de sortie», et
qui non seulement ne mettra pas fin au bain de sang syrien mais fera des
Etats-Unis le principal responsable des futures atrocités. Les sceptiques dressent de longues listes de représailles à
craindre : de nouvelles attaques chimiques en Syrie, qui obligeraient les
Etats-Unis à frapper encore et encore, des attaques contre Israël, qui feraient
entrer l’Etat hébreu dans le conflit, des renforts iraniens envoyés en Syrie,
des attaques contre la Turquie ou la Jordanie… Plus de 200 élus au Congrès ont signé une
lettre demandant à être consultés avant les frappes. Aux Etats-Unis comme en
France, le calendrier envisagé mettrait les Parlements eux aussi devant le fait
accompli.
Aventure. Le faux bond britannique n’a rien fait pour rassurer les Américains mais
il a l’avantage de déboucher sur une coalition, américano-française, distincte
de celle qui avait mené la désastreuse aventure irakienne en 2003. Vu de Washington, le vote de la Chambre des communes, qui a
rejeté l’intervention à 13 voix près, est surtout un problème intérieur
pour Cameron, qui essuyait vendredi les volées des médias britanniques («humiliation», etc.). La
précédente fois, a rappelé la presse, que la Chambre avait dit non remonte à
1782, et concernait la guerre contre les révolutionnaires américains.
=Libération=
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