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segunda-feira, 9 de setembro de 2013

De Josiah Warren à Edward Snowden

J'ai mentionné que Warren a été le premier anarchiste des Etats-Unis, du moins le premier anarchiste connu. Mais beaucoup ne connaissent pas l'histoire de la pensée anti-autoritaire en Amérique et la manière dont elle trouve ses origines dans la Réforme protestante. Crispin Sartwell explique ce lien fascinant :
"Pour moi, cette tradition américaine libertaire ou antiautoritaire remonte à la Réforme protestante. Luther enseignait que chaque personne est son propre prêtre, qu'il n'y a pas besoin de hiérarchie entre un croyant et son dieu. C'était là une idée radicale... et très anti-catholique de toute évidence, même si on trouve des éléments de ce genre de dissidence dès le tout début du christianisme".
"Luther lui-même s'est allié avec les Etats et les princes du nord de l'Europe pour survivre aux attaques de l'Eglise catholique. C'est pour cela que la Réforme a connu plus de succès que les autres rébellions auparavant. Mais beaucoup de figures radicales de la Réforme ont étendu ce genre d'anti-autoritarisme aux institutions politiques. Cela comprend des groupes qui sont arrivés plus tard aux Etats-Unis, comme les mennonites, les anabaptistes et même, encore plus tard, les quakers".
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"Ce sont là des groupes radicaux qui sont venus ici avec une philosophie de type individualiste. A leurs débuts, les Etats-Unis ont donc eu une géographie religieuse extrêmement compliquée. Mais, quel que soit l'angle sous lequel on l'analyse, elle est fondamentalement protestante britannique. Ce point est essentiel pour comprendre toute la tradition politique américaine et central pour comprendre l'idée des droits naturels. Par exemple, John Locke est issu d'un milieu puritain. Mais cet anti-autoritarisme des débuts de l'Amérique est une version plus sentimentale, plus ciblée et moins cultivée de l'individualisme. Et elle est basée sur la foi"...
"Cette façon d'exprimer les droits individuels aux premiers temps de la république est ciblée sur les pratiques religieuses et le respect des différentes pratiques et croyances. Cela entraîne une conception totalement différente de ce qu'est l'être humain sur terre et ce qu'il doit à une autorité. Chacun d'entre nous ne s'en remet en toute égalité qu'à sa propre conscience et conduit lui-même sa vie morale".
"Par exemple, un quaker croit que sa conscience n'a de comptes à rendre à aucune autorité extérieure. Cette pensée sous-tend l'oeuvre de Lucretia Mott [grande féministe et abolitionniste du 19ème siècle] et a conduit aux débuts du féminisme et de l'abolitionnisme. Cette idée a été exprimée par Thoreau dansLa désobéissance civile"...
"C'est cette histoire que je tente de faire connaître, non que je sois le premier à essayer de le faire. Je souhaite révéler ces connexions lors des mouvements de réforme au début du 19ème siècle... Et on peut voir cela également avec la croissance de la doctrine libertaire. En fait, c'est une grande histoire".
-  Passons à William Lloyd Garrison (1805-1879)... 
" William Lloyd Garrison est un personnage fascinant", explique Sartwell. "Il est l'une des plus importantes figures politiques dans l'Amérique du 19ème siècle. Il est un pacifiste absolu, l'un des premiers à l'exprimer et un individualiste radical, très protestant. Il place Jésus avant toute chose. A contrario, Lysander Spooner est un déiste ou un athée, peut-être... Il a une orientation complètement différente mais il vient quand même de la même tradition et a le même engagement de base envers l'individualisme".
Nous avons échangé sur le nombre de ces personnages anti-autoritaires qui se sont plutôt retrouvés du bon côté de l'histoire.
"Oui, tout à fait", martèle Sartwell. "Vous ne pouvez pas être un individualiste et prôner l'esclavage, pas si vous êtes cohérents avec vous-même en tous cas".
Dans son excellente introduction à son livre sur Josiah Warren, Sartwell décrit d'une langue presque poétique la beauté de l'individualisme par rapport aux abstractions des étatistes :
"Chaque abstraction du monde est... une digression, une déviation et une dévaluation du monde. Pendant des millénaires, nous avons intégré ensemble les choses pour essayer de les comprendre ; à présent, il est temps d'apprécier leur étrangeté, leur excès vers la catégorisation. L'individualisme est une tentative de re-fabriquer le monde en l'affirmant".
Bien que Sartwell décrive la philosophie de Warren, je lui dis que cela ressemble beaucoup à du Sartwell. Comme le dit l'adage, il n'y a pas de philosophie politique, seulement de l'autobiographie.
"Oui, cela me ressemble", admet-il. "Josiah Warren emmène l'individualisme très loin. Pour lui ce n'est pas qu'une philosophie. C'est une métaphysique, il évalue les choses dans leur spécificité. Même chose chez Thoreau. Son engagement envers l'observation spécifique du monde réel est total. C'est ce qui l'intéresse. C'est toute une manière de se comporter dans l'univers. Il s'agit de réellement comprendre la position dans laquelle on est et pas de la recouvrir d'abstractions".
De telles nobles pensées semblent bien loin des affaires Snowden-Manning-Abou Ghraib-drones auxquelles nous assistons aujourd'hui. Nous avons terminé notre entretien là où il a commencé, en nous étonnant des répercussions de l'affaire Snowden et des empiètements de l'Etat.
Je lui pose la question : "que penserait Thomas Jefferson de cela ? Qu'en penserait Thomas Paine ? Est-ce là notre tradition américaine ?"
"Pas assez de gens posent ces questions !" répond Sartwell.
Lorsque je lui dis que nous étions peut-être en train de mener une action d'arrière-garde en tant qu'anarchistes, Sartwell me répond : "Peut-être pas. Peut-être serons-nous l'avenir".
Espérons.
C. A.


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