Sourires forcés, poignées de main furtives, messes
basses... Le dîner d'ouverture du G20, jeudi soir à Saint-Pétersbourg, était
pour le moins tendu.
Barack Obama et Vladimir Poutine, après s'être serré la main,
jeudi soir à Saint-Pétersbourg.
Vladimir Poutine et Barack
Obama ont eu beau
échanger poignée de mains et sourires forcés à Saint-Pétersbourg, les deux
hommes n'ont pu dissiper la crispation qui a dominé le sommet du G20.
Et dans les faits, le dîner de gala, dans le cadre somptueux d'un ancien palais
impérial, n'a pu que "confirmer la division" sur la Syrie, le sujet
le plus brûlant, a fait savoir sur Twitter le chef du gouvernement italien
Enrico Letta. Tout au long du premier des deux jours de réunion des plus
grandes puissances mondiales, les chefs d'État ont tenté de sauver les
apparences face caméra.
À son arrivée vers 15 heures jeudi (heure de Paris), Barack
Obama, à la descente de son véhicule blindé noir, était attendu comme tous les
autres dignitaires par le président russe sur le perron du palais Constantin,
surplombant le golfe de Finlande à 15 kilomètres au sud-ouest de l'ancienne
capitale russe. Les deux hommes, dont les relations se sont considérablement
dégradées ces derniers mois, au point de ressusciter le terme de guerre froide,
se sont serré la main, souriant face aux caméras et objectifs, et ont échangé
quelques mots. Bref, l'échange a surtout semblé d'une cordialité obligée,
comparé par exemple aux rires francs échangés lors de leur poignée de main par
Angela Merkel et Vladimir Poutine.
Visite surprise de Merkel à Hollande
Quelques minutes avant ces accueils très protocolaires, Mme
Merkel avait rendu une visite impromptue à François Hollande. La chancelière
allemande, visiblement annoncée à la dernière minute, est venue défendre
pendant une quinzaine de minutes de tête-à-tête sa position, partagée par
l'écrasante majorité des Européens : le rejet de toute intervention militaire,
et la priorité absolue accordée à la voie politique. Et la Syrie n'a pas été le
seul sujet à geler l'ambiance.
Barack Obama et la présidente brésilienne Dilma Rousseff sont
ainsi arrivés fort en retard pour le dîner officiel, après un tête-à-tête. Les
deux pays vivent un froid diplomatique après des révélations sur l'espionnage
supposé de Mme Rousseff par les services secrets américains. La majorité des
invités, emmenés à pied par M. Poutine sur fond de façades illuminées dans la
nuit, étaient arrivés en groupe vers 19 h 20, profitant de cette courte marche
pour se livrer à de derniers conciliabules, par exemple entre M. Hollande, Mme
Merkel et le Premier ministre britannique David Cameron.
"La pensée de la guerre
froide"
Quant à MM. Obama et Poutine, leurs différends ne se limitent
pas au conflit syrien et se sont accumulés au fil des mois jusqu'à ce que le
président américain finisse par annuler un sommet bilatéral à Moscou quand la
Russie a accordé l'asile politique à l'ex-consultant du renseignement
américain, Edward Snowden. Début août, le président américain avait ouvertement
ironisé sur l'attitude de Vladimir Poutine pendant leurs rencontres
bilatérales, où selon lui "il ressemble un peu au gamin qui s'ennuie au
fond de la classe".
Barack Obama critique régulièrement la loi promulguée en juin
par Vladimir Poutine qui condamne à des amendes et dans certains cas à la
détention la "propagande" homosexuelle. Il a promis de rencontrer
vendredi, après la clôture des débats du G20, des militants des droits des
homosexuels à Saint-Pétersbourg, comme l'ont confié des représentants
associatifs à l'AFP. "Il y a des moments où (les Russes) adoptent à
nouveau la pensée de la guerre froide", avait estimé début août le
président américain dans le même entretien.
Dans ces conditions, le faste déployé
par M. Poutine pour ses hôtes, logés dans d'élégants petits palais, et régalés
jeudi soir d'un feu d'artifice et d'extraits de la Traviata, paraissait un peu
artificiel. Et il n'y avait que M. Letta, encore lui, pour trouver une raison
de se réjouir jeudi soir, notant sur Twitter : "Le vin rouge servi au
dîner est français et le vin blanc italien. Ce n'est pas que nous soyons
chauvins, mais..."
=Le Point=
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