Le ministre de
l'Education nationale Vincent Peillon, accompagné de George Pau-Langevin,
ministre déléguée à la Réussite, le 29 août 2012 à Paris.
Cette année, les rythmes scolaires
varieront d’une ville à l’autre, conséquence d’une réforme Peillon ambitieuse,
critiquée et atténuée.
Née dans la
douleur, la semaine de quatre jours s’apprête à disparaître dans le chaos.
Lorsqu’en 2008 Xavier Darcos avait décrété la suppression du samedi matin, cela
avait déclenché un tollé. Enseignants et parents s’étaient indignés d’une
décision prise sans consultation, qui allait contre l’avis de nombreux experts.
Cinq ans après, le retour aux quatre jours et demi suscite bien peu
d’enthousiasme, plutôt de l’inquiétude devant l’embrouillamini des nouveaux
rythmes scolaires proposés ici et là.
Il est pourtant
difficile de contester le fait que l’étalement des cours, grâce au mercredi
matin travaillé, va profiter aux enfants. Toutes les études publiées ces
dernières années - de la Cour des comptes, de l’Académie de médecine, de
l’Institut Montaigne… - aboutissent à la même conclusion : la semaine de quatre
jours, avec ses six heures de cours quotidiennes et ses deux coupures, le
mercredi et le week-end, ne favorise pas la réussite des élèves. Au contraire. Un enfant de
primaire ne peut rester concentrer trois heures le matin et autant
l’après-midi, avec pour les plus en difficultés une demi-heure, voire une heure
de soutien le midi ou en fin d’après-midi. Et comme toujours, ce sont les plus
fragiles, scolairement mais aussi souvent socialement, qui en pâtissent le
plus.
Bien-être. Mais les changements sont souvent douloureux. Surtout lorsqu’ils ont été si maladroitement engagés. A peine
nommé ministre en juin 2012, Vincent Peillon claironne qu’il va en finir
avec les quatre jours. Il présente la chose comme une mesure de bien-être pour
les petits Français - les seuls en Europe à devoir ingurgiter des programmes
aussi lourds en un temps si réduit - et comme un geste de justice sociale - les
élèves favorisés qui n’arrivent pas à suivre pouvant être aidés par leurs
parents ou se payer des petits cours.
Avec un programme pareil, l’enthousiaste ministre comptait avoir
le soutien des syndicats enseignants, très remontés contre les réformes menées
dans le primaire par Darcos, qui trouvait que les enseignants de maternelle «changeaient
les couches». Mais Peillon se trompait.
En quatre ans,
les professeurs des écoles se sont habitués aux quatre jours. Beaucoup sont des femmes qui
ont organisé leur vie familiale en conséquence. Certains reconnaissent les
limites de cette semaine. Mais leur demander de venir travailler le mercredi,
sans geste en retour, est souvent perçu comme une nouvelle attaque contre une
profession malmenée ces dernières années. Les instits français sont parmi les
plus mal payés d’Europe. Ils ont aussi été critiqués pour les résultats en
berne de l’école française. Les syndicats dès lors se divisent. Certains
soutiennent la réforme, les autres la combattent sur le mode : le passage aux
quatre jours et demi est trop précipité pour être réussi et risque d’aggraver
les inégalités entre territoires riches, pouvant financer des activités
intéressantes, et pauvres.
Engluée. Simultanément, les maires,
appelés à financer des ateliers périscolaires, sont montés au créneau. Et,
devant la grogne, François Hollande a fléchi : alors que Peillon répète que la
réforme s’appliquera en 2013, il donne deux ans aux communes. Son
Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, débloque 250 millions d’euros pour
les aider.
Au fil de débats interminables, la grande réforme annoncée s’est
engluée. Le ministre, qui promettait de revoir dans la foulée l’année scolaire
et ses trop longues vacances, n’en parle plus guère. Or, pour beaucoup, une
réforme des rythmes qui n’y toucherait pas ne serait qu’une réformette.
=Libération=
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