(...)
Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, nous avons
évoqué la situation internationale. J'ai évoqué les
tragédies du passé. Il y a aussi les tragédies du présent. Quand un massacre
chimique se produit, quand le monde en est informé, quand les preuves sont
livrées, quand les coupables sont connus, alors il doit y avoir une réponse.
Cette réponse est attendue de la communauté internationale. Et nous nous
retrouvons, président allemand, président français, pour exprimer la même
indignation, la même condamnation. Et, en même temps, la même espérance que la
Syrie pourra connaître une solution politique. Nous aurons l'occasion d'en
reparler dans d'autres moments, dans d'autres instances. C'est l'Europe qui
doit aussi se réunir sur ce dossier. Elle le fera. Chacun avec sa
responsabilité. La France assumera la sienne.
Merci Monsieur
le Président.
(...)
Q -
Monsieur le Président, en cas de vote positif du Congrès américain à une
intervention en Syrie, est ce que vous êtes prêt à accepter, ou demander, ou
proposer un vote du Parlement français ?
R - Nous n'en
sommes pas encore là. Demain, le Parlement est réuni pour débattre des informations qu'ils lui
ont été communiquées. C'était hier
par le Premier ministre, les ministres des Affaires étrangères, de la Défense.
Tout ce dont nous pouvions disposer a été livré.
Qu'en
ressort-il ? D'abord le massacre chimique du 21 août est établi. Les preuves
sont là et nul ne peut les contester. Il y a bien eu utilisation d'armes
chimiques.
Que savons-nous
? Que c'est le régime de Bachar Al-Assad qui est le seul en Syrie à détenir ces
armes, à en contrôler les stocks. Le seul à pouvoir utiliser la technique qui a
été employée. Nous savons aussi que le quartier qui a été frappé est contrôlé
par l'opposition, est un noeud de communication stratégique. Une incertitude
qui demeure, c'est la nature du gaz mortel qui a été utilisé, même si - je
l'affirme ici - nous avons les éléments en notre possession qui indiquent que
c'est le sarin.
Que devons-nous
en conclure ? Qu'il y eu violation d'un protocole international essentiel celui
qui, établi il y a 90 ans, interdit l'usage des armes chimiques. Et une telle
utilisation, gazer une population, ce crime-là ne peut donc rester impuni sinon
c'est le risque de la récidive, la menace de l'extension et c'est la sécurité -
pas simplement des Syriens, pas simplement de la région - la sécurité du monde
qui est en cause.
Une large
coalition doit donc être formée au plan international avec les États-Unis, qui
vont bientôt prendre la décision, avec l'Europe et il y aura des réunions ces
prochains jours au niveau européen, avec les pays arabes, qui se sont déjà
prononcés. Parallèlement, tout doit être fait pour rechercher obstinément une solution
politique avec toutes les parties prenantes, je dis bien toutes les parties
prenantes. Nous aurons l'occasion, en marge du G20 à Saint-Pétersbourg, d'avoir
ces discussions.
Je m'adresserai
aux Français lorsque je disposerai de tous les éléments qui puissent fonder ma
décision et j'exercerai ma responsabilité dans un seul intérêt : celui de la
France, celui de notre sécurité mais également des valeurs dont notre pays - et
pas seulement notre pays - sommes porteurs. Telle est la réponse que je veux
vous apporter.
Q -
Monsieur le Président, est-ce que sur la question syrienne, vous vous sentez
isolé en Europe ? Et qu'attendez-vous, sur ce plan, du gouvernement allemand ?
R - Vous avez entendu le président Gauck. J'ai également eu des entretiens avec la chancelière
Angela Merkel. Je suis en relation avec les principaux chefs de gouvernement
européens. Il y aura une rencontre à Saint-Pétersbourg entre Européens. Il y aura une réunion des
ministres des affaires étrangères très prochainement. Nous partageons tous la
même indignation. Nous condamnons ce qui s'est produit, un massacre chimique.
Personne n'a de doute sur l'origine de ces armes et celui qui en a fait usage. Après, si les réponses politiques peuvent être les
mêmes, il y a des responsabilités différentes, il y a des traditions
différentes, il y a des capacités différentes. Chacun des gouvernements, des
États, doit prendre à sa place sa responsabilité.
Celle de la
France est éminente, particulière, en Europe. Nous aurons donc à être en ce qui
nous concerne non seulement en pleine solidarité avec les Européens, je ne
conçois pas l'action de la France séparée. Mais, en même temps, nous aurons à
prendre une responsabilité de plus compte tenu de ce qu'est la France.
Q -
Dans la perspective de cette intervention en Syrie, Bachar Al-Assad promet des
répercussions négatives sur les intérêts français. Êtes-vous prêt à exposer la
France à ses répercussions négatives et, par ailleurs, vous serez au G20 jeudi
et vendredi, verrez-vous le président Poutine dans un entretien bilatéral et
croyez-vous qu'une solution politique puisse être trouvée à l'occasion de ce
Sommet ?
R - D'abord,
j'ai lu dans un journal français, l'entretien qui a été accordé à Bachar
Al-Assad.
La différence
entre une dictature et une démocratie, c'est que, dans une démocratie, un
dictateur peut s'exprimer dans un journal, y compris pour insulter ses
dirigeants - je parle des dirigeants du pays, pas du journal - pour proférer
des mensonges, notamment sur le chimique, laissant croire qu'il ne disposait
pas de stock et, enfin, pour effectivement menacer, menacer le peuple français.
À cette lecture, je suis sorti renforcé encore dans ma
détermination et celles et ceux qui avaient des doutes sur les intentions de
Bachar Al-Assad ne peuvent plus maintenant en avoir. Il parle de liquider tous ceux qui ne sont pas
d'accord avec lui. Liquider, il aurait pu dire gazer. Est-ce que nous devons
prendre toutes les mesures en matière de sécurité ?
Oui. Nous les
avons déjà prises. Parce que ces menaces existent depuis longtemps et parce que
nous sommes d'une extrême vigilance. Mais la menace la plus sérieuse, ce serait
de le laisser faire. Ce serait lui permettre de continuer à utiliser des armes
chimiques. Ce serait le laisser massacrer une partie de sa population et
menacer l'ensemble de la région.
Oui, nous
prenons toutes les dispositions pour faire face à cette menace. Elle existe.
Elle existe depuis longtemps, et elle ne cessera pas cette menace tant que le
régime de Bachar Al-Assad sera en place.
Q -
Le G20 ?
R - Nous aurons
autant de discussions qu'il sera nécessaire. Vous savez que l'ordre du jour est
sur les sujets économiques, sur la lutte contre la fraude fiscale, sur la
croissance, c'est la vie concrète. Mais il y a aussi la politique et tout ce
qui pourra être fait pour chercher, de bonne foi, la solution politique, sera
engagé par la France et par les Européens. Je vous l'ai dit, en marge du G20,
il y aura une réunion des Européens, et de la même manière avec celui qui nous
accueille, le président Poutine, nous pourrons parler ou dans un cadre qui est
celui du G20 ou de manière bilatérale.
(...)
Q -
Monsieur le Président, une bonne partie de la suite des événements en Syrie se
jouera le 9 septembre au Congrès américain. Est-ce que vous êtes confiant dans
l'issue de ce vote et si le Congrès refusait le feu vert à Barack Obama, que
feriez-vous ?
R - Je ne me
pose pas les questions avant qu'elles ne m'aient été révélées. J'essaye de
traiter les questions que je connais. Le président Obama a souhaité demander au
Congrès l'approbation. Il n'y était pas contraint. Il a jugé que c'était un
moyen de renforcer la décision qu'il aurait à prendre. J'attends donc la
réponse parce qu'elle aura des conséquences sur la coalition que nous aurons à
former. J'ai déjà dit que la France ne pourrait agir seule, qu'elle ne peut
situer son action que dans le cadre d'une large coalition, la plus large
possible. C'est vrai que ce serait encore mieux d'avoir une résolution du
Conseil de sécurité. Je suis très attaché à la légalité internationale mais
lorsque, sur cette question, le Conseil de sécurité est bloqué depuis deux ans,
chacun sait que nous ne pourrons pas en passer par là sauf à ne rien faire.
Selon la décision du Congrès, il y aura une coalition qui pourra se former. Si
la décision du Congrès n'était pas positive, alors la France n'agirait pas
seule mais elle prendrait ses responsabilités aussi en soutenant l'opposition
démocratique en Syrie de manière à ce qu'une réponse soit apportée.
Merci./.
L.A.V.
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