Discours du Premier ministre, M. Jean-Marc Ayrault
Monsieur le Ministre des Affaires étrangères,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs.
Il y a un an, sous l'autorité du président de la
République, la France sensibilisait la communauté internationale aux dangers de
la situation au Mali. Elle travaillait à faire émerger, au sein du Conseil de
sécurité, un consensus en faveur d'une intervention africaine pour aider ce
pays à reconquérir sa souveraineté sur l'ensemble de son territoire.
Un an plus tard, les meilleures élections organisées
de longue date, au regard des principes démocratiques, ont permis au Mali de se
doter d'un nouveau président jouissant de toute la force d'une légitimité
renouvelée. Il lui appartient désormais d'avancer dans la recherche d'une
solution pérenne pour le Nord-Mali et de relancer le développement du pays.
Ce résultat, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
nous le devons au sens des responsabilités dont la France a fait preuve. Nous avons su prendre toute la mesure de l'urgence et
décidé de répondre à l'appel à l'aide qui nous était lancé.
Ce sens des
responsabilités, cet esprit de solidarité, cette capacité à aller de l'avant
lorsque nous avons la conviction que la cause est juste sont autant de qualités
qui valent à la France d'être respectée et écoutée sur la scène internationale.
En décidant
d'intervenir au Mali, nous avons été fidèles à cette vocation. Et ceux qui,
l'an dernier, étaient sceptiques, reconnaissent aujourd'hui que nous avions
raison de sonner l'alarme et nous ont vu agir avec force et célérité.
Loin de moi tout triomphalisme. Les défis restent
nombreux au Sahel et je n'oublie pas le sort de nos otages auxquels le
gouvernement apporte une attention de tous les instants.
De même, la
paix et la sécurité en Afrique, comme dans d'autres régions, demeurent un
objectif auquel nous devons consacrer toute notre énergie. C'est le cas en
Centrafrique, mais également en République démocratique du Congo. Le Sommet de
l'Élysée pour la paix et la sécurité sera l'occasion de progresser avec nos
partenaires du continent africain sur toutes ces questions. C'est en tout cas notre
volonté. C'est notre ambition.
C'est également le cas face à la tragédie syrienne. Le président de la République s'est exprimé hier,
devant vous, avec force. La France prendra, le moment venu, les décisions qui
s'imposent, à la lumières de ses contacts avec ses partenaires internationaux.
C'était l'objet du Conseil de défense qui s'est réuni ce matin-même à l'Élysée.
J'informerai le Parlement, dès mercredi prochain, dans le cadre d'une session
extraordinaire convoquée par le président de la République.
Les
enseignements de la crise malienne ne font que renforcer une conviction
profonde, que j'avais exprimée dès mon discours de politique générale, il y a
maintenant plus de quinze mois. C'est en respectant ses valeurs et ce qu'elle
est au plus profond d'elle-même que la France peut être, dans le monde, la
puissance d'influence à laquelle le ministre des affaires étrangères a souhaité
consacrer votre conférence annuelle.
Mesdames et
Messieurs les Ambassadeurs, ce message de confiance dans les atouts de notre
pays, vous l'avez entendu à l'occasion de toutes mes visites à l'étranger.
J'ai également
pu vérifier combien, au-delà de la compétition qui accompagne la
mondialisation, la France ne laisse pas indifférent. Elle est attendue, elle
est souvent espérée, elle est observée aussi, parfois non sans inquiétude, sur
sa capacité à relever les défis auxquels elle est confrontée.
En tant que
Premier ministre et vis-à-vis des Français, mon rôle est de veiller à ce que la
France puisse être forte en Europe et dans le monde pour continuer à promouvoir
son message, ses valeurs et ses intérêts.
Et pour être
forts, nous devons nous adapter aux réalités nouvelles, tout en restant fidèles
à ce que nous sommes, à notre identité profonde, aux valeurs de justice, de
liberté, de solidarité qui sont au coeur de notre pacte républicain et qui font
tout notre rayonnement. Réinventer le modèle français pour lui redonner toute
sa vigueur, c'est précisément ce qu'a entrepris mon gouvernement.
Après cinq
années de posture et aussi, il faut bien le dire, une décennie d'immobilisme,
qui ont mis notre pays en retard dans la mondialisation et l'ont fait douter de
lui-même, nous organisons le changement pour ne pas le subir et, encore une
fois, pour rester nous-mêmes. C'est notre souveraineté qui est en cause, qui est en jeu.
La France s'est donc remise en mouvement. Des réformes
d'une ampleur inédite sont engagées. Elles seront menées à bien.
Un effort sans précédent de consolidation de nos
finances publiques a déjà produit une réduction historique de notre déficit
structurel. Nous ne
réduisons pas nos déficits parce qu'on nous le demande. Nous le faisons pour
nous-mêmes, pour nos propres intérêts. Je le disais, pour défendre notre
souveraineté, c'est d'ailleurs la condition pour ne pas nous placer sous la
coupe des marchés financiers, dont nous voulons, par ailleurs, corriger les
excès. C'est donc l'intérêt de la France d'avoir engagé et de poursuivre cet
effort. S'il nous faut tenir compte du rythme de la croissance pour mener à
bien ce chantier, notre cap reste bien celui d'un retour à l'équilibre à la fin
du quinquennat.
Pour préserver
la croissance et infléchir la courbe du chômage, nous avons choisi les
modalités de la consolidation budgétaire les moins pénalisantes pour
l'économie. La réduction des dépenses, qui a été engagée, va se poursuivre, va
même s'amplifier. C'est le sens de la modernisation de l'action publique qui doit nous
permettre d'imaginer ensemble un État stratège, un État garant, un État plus
performant et plus économe, mais un État présent et qui affirme son autorité.
Avec les 35
mesures du Pacte adopté sur la base des propositions du rapport de Louis
Gallois, la dégradation de la situation et de la compétitivité de nos
entreprises a été enrayée. Parmi ces mesures, le crédit d'impôt compétitivité
emploi, mis en place en début d'année et qui montera en puissance en 2014, a
déjà permis une diminution du coût du travail sans précédent et redonné des
marges de manoeuvre à nos entreprises pour innover, pour investir et aussi
recruter.
De même, la Banque publique d'investissement est
pleinement opérationnelle. Elle apporte un soutien plus efficace au financement
et à l'innovation de nos PME, notamment celles qui ont la volonté d'exporter.
En un an, nous
avons restauré le dialogue au sein de chacune de nos grandes filières
industrielles, désormais mobilisées autour d'un contrat de filière sur les
enjeux de compétence, sur les enjeux d'export, de relations interentreprises ou
d'innovation.
Grâce à un
dialogue exemplaire entre partenaires sociaux, la loi sur la sécurisation de
l'emploi a montré que notre pays est capable, sur un sujet aussi sensible qu'on
appelle le marché du travail, de penser les évolutions du monde du travail et
d'atteindre un équilibre entre nouveaux droits pour les salariés et nouvelle
souplesse pour les entreprises. C'est ce qui vaut pour la négociation qui s'engage sur la formation
professionnelle.
L'école, l'école républicaine a fait la France. C'est là,
aujourd'hui comme hier, que se joue une bonne part de l'avenir de notre pays.
C'est tout le sens de la refondation de l'école, dont le premier devoir est
désormais la réussite de tous. L'école de masse a effectivement réussi pour 80
% des élèves. Mais il reste 20 %, parfois 30, 40, 50 % dans certains quartiers
ou certaines communes ! Donc, on n'est plus dans l'esprit même des valeurs de
notre école.
Donc, la volonté politique est là, elle est
prioritaire et elle doit commencer maintenant et elle s'exprime par des
orientations claires, notamment la priorité donnée au primaire, mais aussi par
des choix budgétaires ambitieux. La clé est notamment dans la formation des
enseignants. Cette année, 30 écoles supérieures du professorat et de
l'éducation seront ouvertes. Il s'agit là d'un formidable levier de changement,
de promotion personnelle pour la jeunesse, mais aussi de performance pour la
Nation tout entière. C'est pour cela
que le président de la République avait fait de la jeunesse sa priorité.
Quand on réfléchit
à l'avenir, quand on dit 2025, c'est loin, parfois, certains ont ironisé, je
voudrais simplement leur rappeler que ceux qui seront au niveau du Bac en 2025
commencent aujourd'hui à l'école primaire. Donc, ce n'est pas une vue de
l'esprit que de réfléchir à l'avenir et cet avenir n'est pas si lointain, c'est
pour cela qu'il faut maintenant commencer pour faire de l'école un formidable
levier de la modernisation de notre pays et de la préparation de l'avenir.
Cela vaut aussi
pour l'enseignement supérieur et la recherche qui ont été dotés d'un nouveau
cadre, qui en font une nouvelle priorité nationale avec tous les objectifs de
la réussite de tous les étudiants et une nouvelle ambition pour la recherche.
Parce que
l'action publique ne peut être résumée à celle de l'État, une nouvelle étape de
la décentralisation et une simplification a été engagée. Par souci
d'efficacité, c'est l'échelon intercommunal que nous voulons privilégier, sans
défaire la commune, mais là, c'est une question de cohérence et de logique.
En particulier,
affirmer le rôle des métropoles françaises. Déjà, nos grandes agglomérations
ont beaucoup apporté, nos grandes villes, notamment de province, mais ça vaut
aussi pour la métropole de l'Ile-de-France, ça vaut pour Lyon, ça vaut pour
Marseille. Ces métropoles jouent un rôle d'entrainement pour tout un territoire et
concentrent des savoir-faire, de la valeur ajoutée. Donc, c'est un plus pour la
France de leur donner plus de responsabilités, plus de moyens.
C'est d'ailleurs dans le même esprit, pour mobiliser
les acteurs territoriaux, que je viens d'engager une négociation avec les
régions, sous l'autorité des préfets de région, d'une nouvelle étape des
contrats de plan État/régions.
Je le disais, les
urgences du moment ne nous empêchent pas de préparer l'avenir. C'est aussi l'objet du plan
«investir pour la France» que j'ai annoncé en juillet dernier. Il comprend un
ensemble de mesures en faveur de l'innovation, des infrastructures, de la
transition énergétique, du logement, avec, pour chacune d'entre elles et c'est
essentiel, un financement.
Ce plan permettra de renforcer la compétitivité de
notre économie et d'assurer le caractère durable de son développement.
Parce que la transition écologique, c'est un défi
mondial dans lequel la France doit s'inscrire avec volonté, sans hésitation.
Cette transition est en marche. Elle ne doit pas être vue comme une contrainte,
mais comme une chance, l'occasion de créer un nouveau modèle de développement.
D'ores et déjà, nous mettons l'accent sur les
transports préservant l'environnement, l'efficacité énergétique, l'innovation,
la recherche, l'organisation d'une filière industrielle de l'écologie. Une contribution climat-énergie, qui ne sera pas un
impôt de plus, mais une réorientation de la fiscalité, sera introduite.
Cette
transition écologique n'aura réellement de sens que si un maximum de pays s'y
engage. C'est pourquoi le président de la République a souhaité que la France
accueille, en 2015, la négociation internationale sur le climat. Il s'agit là d'un rendez-vous
extrêmement important et d'un grand projet mobilisateur, notamment pour tous
nos diplomates.
L'ensemble de
ces réformes, si j'ai tenu à les rappeler devant vous, c'est parce qu'elles
font sens, elles ont leur cohérence et parce que j'ai pu constater combien leur
ampleur est trop souvent méconnue à l'étranger.
Oui, la France
se modernise, dans la fidélité à ce qu'elle est, je le disais. Certains de nos
partenaires conservent encore l'image d'une France immobile. À l'occasion d'un
de mes récents voyages, très lointain, un dirigeant politique m'a dit, après
avoir exposé ce que je viens de vous rappeler là, qu'il ignorait que la France
avait engagé autant de réformes. Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, je vous
demande d'en assurer la promotion.
Je connais et
je comprends l'impatience de nos compatriotes qui ne prendront toute la mesure
de l'action que nous avons engagée que lorsqu'ils en percevront concrètement
les résultats. C'est bien normal. C'est vrai en particulier sur le front de l'emploi. Mais
les résultats, c'est notre volonté et notre détermination, nous faisons tout
pour qu'ils se concrétisent.
Les chiffres de
la croissance pour le deuxième trimestre constituent, avec 0,5 %, une bonne
nouvelle qui renforce la crédibilité de nos prévisions pour 2013. C'est d'autant plus
encourageant qu'il ne s'agit pas d'un mouvement isolé. Car, si nous faisons
mieux que la moyenne européenne, les pays voisins, eux aussi, avancent dans
cette direction.
J'y vois le
résultat de nos efforts pour stabiliser la zone euro, dont l'intégrité était,
il y a encore quelques mois, mise en doute. Mes premiers déplacements, Laurent
Fabius avait entendu la même chose, nous montraient que certains pays doutaient
même de la pérennité de l'euro et vous nous en aviez fait part. Ce moment est
passé. Il y a donc cette période de doute qui est derrière nous.
Cela tient
aussi à notre mobilisation et en particulier à la détermination du président de
la République, dès sa prise de fonction, le 15 mai 2012, à engager le chantier
nécessaire de la réorientation de l'Europe, en parlant avec nos partenaires. Ce
qui a permis notamment d'infléchir le dogme d'une politique trop exclusivement
budgétaire, qui a favorisé une nouvelle doctrine d'intervention de la Banque
centrale européenne, la mise en oeuvre de nouveaux instruments de solidarité et
la création, qu'il ne faut surtout pas perdre de temps de réaliser, de l'Union
bancaire.
Comme l'a
rappelé hier le président de la République, cela se fera en pleine harmonie
avec l'Allemagne. La France est à l'initiative pour réorienter l'Europe et c'est sa vocation,
pays fondateur, pour lui redonner toute sa force et tout son sens.
C'est ainsi que
le président de la République a fait des propositions, nous installerons un
véritable gouvernement économique de la zone euro, pour décider d'une politique
économique commune qui dispose d'une capacité budgétaire. C'est ainsi que nous
définirons une stratégie européenne pour les industries d'avenir, notamment le
lancement d'une Communauté européenne de l'énergie favorisant la transition
énergétique. C'est ainsi que nous écarterons, avec évidemment l'exigence de
solidarité, l'exigence sociale, les risques de désintégration de l'Europe. Ce
qui est en jeu, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, c'est l'avenir même du
projet européen.
Une autre
priorité, c'est l'actualité qui nous le rappelle, c'est la réforme de notre
système de retraites. Après une concertation approfondie avec les partenaires sociaux, j'ai
annoncé, hier soir, les grands axes. Je ne vais pas
les reprendre évidemment ici dans le détail ! Mais là, il s'agit encore d'un
véritable enjeu, c'est de préserver l'un des piliers de notre modèle social,
fondé sur la solidarité entre les générations, le système par répartition.
Cette réforme a
deux ambitions : garantir durablement la stabilité de notre système par
répartition, mais aussi de corriger les injustices. Une réforme ne serait pas
possible sans mener de front ces deux chantiers. Cette réforme, je la résume,
elle est responsable. Mais aussi, elle est juste et équilibrée. Et, à ceux qui
en douteraient, je les invite à le regarder de près, c'est une réforme
structurelle.
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, vous le savez,
vous le voyez, le gouvernement est au travail, depuis le premier jour. Mon engagement, ma responsabilité, c'est que cette
transformation de la France pour l'adapter aux réalités du monde se poursuive,
sans relâche. C'est aussi de faire en sorte qu'elle s'inscrive dans une stratégie à long
terme susceptible d'entraîner tous les Français, en fixant un cap clair.
C'est le sens
du récent séminaire gouvernemental, qui s'est tenu autour du président de la
République, consacré à la France dans dix ans et du projet que nous avons
demandé au Commissariat général à la stratégie et à la prospective de préparer
pour la fin de l'année.
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, ce n'est pas
un exercice en chant, ce n'est pas un exercice d'experts, c'est un travail qui
doit provoquer du débat, de la confrontation et aussi d'apporter un regard. Je vous invite, Mesdames et Messieurs les
Ambassadeurs, à apporter, sans délai, votre propre contribution, à partir de
votre expérience, de ce que vous voyez, de ce que vous entendez et de ce qu'on
entend aussi de la France.
Mesdames et
Messieurs, notre pays fait face à un monde nouveau. Un monde qui change à une
vitesse stupéfiante et où les défis prennent chaque jour des formes nouvelles.
Un monde où de nouveaux acteurs aspirent à prendre toute leur place et avec
lesquels il nous faut inventer de nouvelles règles du jeu. Un monde de compétition où
rien n'est acquis, mais où tout est possible.
Vous l'avez compris, mon gouvernement tient donc son
cap. L'objectif qui guide chacune de ses
actions, c'est de préparer la France à ce monde nouveau et de renforcer les
atouts de notre grande nation dans le jeu planétaire.
Ainsi, plus que
jamais, notre pays doit être un acteur pleinement engagé sur la scène
internationale. Il doit entretenir un dialogue étroit avec un nombre croissant
d'interlocuteurs, notamment parmi les puissances émergentes, les grandes comme
les moins grandes, qui contribueront d'autant plus à notre propre croissance
que nous serons attentifs à ne pas les considérer uniquement comme des marchés
pour nos entreprises.
C'est le sens
des relations que nous avons tissées - le président de la République, moi-même,
le ministre des affaires étrangères et l'ensemble des membres du gouvernement -
avec la plupart des pays d'Asie, d'Amérique latine ou d'Afrique. Certains d'entre
eux, je prendrai l'exemple des Philippines, un archipel de 100 millions
d'habitants, en forte croissance, n'avaient jamais reçu la visite d'un chef
d'État ou d'un chef de gouvernement français depuis leur indépendance. Ce
dialogue doit être nourri dans la durée et c'est avec vous, Mesdames et
Messieurs les Ambassadeurs, que nous allons y veiller.
Dans ce monde
nouveau, la France a également besoin de rénover les instruments de son
influence. Cette adaptation est engagée et va se poursuivre.
Notre intervention
au Mali a confirmé à quel point il est important pour la France de disposer
d'un outil de défense performant. Le succès de cette opération est un hommage
au professionnalisme et à la valeur de nos soldats. Sur la base des conclusions
du Livre blanc et pour sortir de l'impasse du modèle précédent, une véritable
ambition pour la défense et la sécurité nationale donnera lieu à l'adoption,
d'ici la fin de l'année, de la loi de programmation militaire.
Ce nouveau
cadre tiendra compte de la nécessité du redressement de nos comptes publics,
tout en garantissant la protection de notre territoire, en assurant la
permanence de la mission de dissuasion et en confortant notre capacité
d'intervention extérieure.
Il s'inscrira
en pleine cohérence avec notre volonté de construire l'Europe de la défense
dont nous ferons en sorte qu'elle progresse, au Conseil européen de décembre,
sur le terrain des opérations, du développement et de la mutualisation des
moyens ou encore du rapprochement de nos industries.
L'accent sur la
diplomatie économique a donné le signal de la mobilisation générale en faveur
de la résorption du déficit de notre commerce extérieur, hors énergie. Je
connais votre implication personnelle dans l'accompagnement de nos entreprises,
y compris les plus petites, ou dans la promotion de la France comme destination
d'investissement.
Là encore, nos
efforts doivent être poursuivis et intensifiés. La clé du succès, j'en suis
convaincu, c'est la coordination et la recherche des complémentarités. Entre
l'État et les entreprises, bien sûr. Entre les différents ministères concernés,
j'y insiste. Mais aussi, en France comme à l'étranger, entre tous les maillons
d'une chaîne destinée à soutenir les entreprises qui souhaitent exporter,
conformément à l'objectif que nous nous sommes fixé dans le cadre des travaux
sur l'internationalisation des entreprises.
La politique
des visas est un instrument de notre attractivité, qui renvoie au monde le
visage d'une France ouverte ou fermée. Après l'annulation de la circulaire qui
avait tant nui à l'image et aux intérêts de notre pays, des mesures destinées à
faciliter la délivrance des visas pour des publics dont nous souhaitons
encourager la mobilité sont mises en oeuvre.
Cette nouvelle
approche, qui ne contredit en rien l'indispensable maîtrise des flux
migratoires ni les nécessités de notre sécurité intérieure, doit produire des
résultats, grâce au dévouement de tous les personnels concernés.
De même,
l'accès à la nationalité française est une étape importante du parcours
d'intégration. Pour ceux qui ont choisi la France, qui vivent et travaillent en France. L'augmentation du nombre des naturalisations montrent
que la France a aujourd'hui tourné la page du repli sur soi.
La solidarité
est indissociable du modèle français. Compte tenu des contraintes financières,
il était indispensable de redéfinir les priorités de notre politique de
développement. Après une large concertation lors des assises de la solidarité
internationale, la réunion, fin juillet, du Comité interministériel de la
coopération internationale et du développement a permis de fixer de nouvelles
lignes directrices.
J'en retiens la
priorité accordée plus que jamais à l'Afrique et à la Méditerranée, la
concentration des dons vers les pays qui en ont le plus besoin, mais aussi la
volonté d'utiliser le potentiel de l'AFD, partout où nos intérêts et notre
souci de promouvoir une croissance verte et solidaire le justifient.
La première loi
d'orientation et de programmation sur la politique de développement et de
solidarité internationale sera présentée au Parlement d'ici la fin de l'année
et marquera l'importance que la Nation y attache.
Nos
compatriotes qui font le choix de l'expatriation contribuent, eux aussi, au
rayonnement de notre pays dans le monde. En un an, de profondes réformes ont
été accomplies à leur intention, qu'il s'agisse de leur représentation
politique ou du soutien à la scolarité de leurs enfants.
Ce matin même,
des orientations, qui permettront à la France de répondre à la demande
croissante d'enseignement français et de mieux adapter notre offre éducative à
nos objectifs d'influence, ont été présentées au Conseil des ministres. Leur
mise en oeuvre ne pourra que contribuer au dynamisme de la Francophonie.
Mesdames et
Messieurs les Ambassadeurs, ces instruments rénovés de notre influence, c'est
d'abord à vous qu'il appartient d'en tirer le meilleur parti. Je sais combien
vous vous y employez, chaque jour, parfois dans des conditions difficiles, y
compris pour votre propre sécurité.
Je profite de
cet instant pour rendre hommage aussi à tous les membres du gouvernement et en
particulier à l'équipe ministérielle des Affaires étrangères, Thierry Repentin,
Pascal Canfin, Yamina Benguigui, Hélène Conway-Mouret, qui, sous l'autorité de
Laurent Fabius, conduisent cette rénovation de l'action extérieure de notre
pays avec vigueur et discernement. Je salue bien sûr la contribution de tous les autres
membres du gouvernement qui y prennent une large part.
Le ministère des affaires étrangères fournit sa part
de l'effort de consolidation de nos comptes publics. Des mesures courageuses
d'adaptation de notre présence diplomatique ont été prises, j'en suis
conscient, parfois sans difficulté.
Mais je tiens à
le redire : elles doivent s'inscrire dans une modulation de la présence de la
France dans tel ou tel pays en fonction de ses intérêts. C'est tout l'enjeu de
la réflexion engagée, dans le cadre de la modernisation de l'action publique,
sur les réseaux de l'État à l'étranger. Vous pouvez compter sur tout mon
soutien pour la mener à bien, le cas échéant, grâce à une réunion à mon niveau
du Comité interministériel compétent, le Corinte.
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, l'entreprise
de modernisation de la France est en marche. Elle répond aux bouleversements du
monde dont vous mesurez, chaque jour, toute l'ampleur. C'est la construction du
nouveau modèle français. Sous tous les horizons, c'est cette France en
mouvement que je vous demande de promouvoir et d'incarner.
À l'avance, je
vous en remercie./.
(Soute : site Internet du Premier ministre)
L.A.V.
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