Le président américain va tenter de
convaincre le Congrès du bien-fondé d'une nouvelle intervention militaire dans
ce pays du Moyen-Orient.
Barack Obama va s'exprimer lundi sur la Syrie
Barack
Obama aura
la lourde tâche lundi de retourner un Congrès et une opinion publique
sceptiques face au recours à la force enSyrie,
où Bachar
el-Assad a
assuré n'être pour rien dans l'attaque chimique du 21 août. Conscient de jouer
à la fois la crédibilité des États-Unis et de sa propre présidence, le
président des États-Unis devait lancer une offensive tous azimuts pour
convaincre les élus républicains et démocrates, de retour lundi à Washington à
partir de 18 heures, du bien-fondé d'une nouvelle intervention militaire au
Moyen-Orient pour punir le régime Assad. Il devait enregistrer pas moins de six
interviews avec des chaînes de télévision devant être diffusées lundi soir,
avant de s'adresser aux Américains mardi soir depuis le bureau Ovale.
L'intégralité
d'une interview accordée par le président syrien dans laquelle il nie avoir
ordonné l'emploi d'armes chimiques devait être diffusée au même moment lundi
soir. Le président Assad a "nié avoir quelque chose à voir dans cette
attaque" chimique, a rapporté dimanche le journaliste de CBS qui l'a
interviewé à Damas. Il a dit : "Il n'y a pas de preuve que j'ai utilisé
des armes chimiques contre mon peuple", selon le journaliste Charlie Rose.
Interrogé sur ces propos rapportés d'Assad, le secrétaire d'État John Kerry,
qui achève lundi à Londres une offensive diplomatique menée tambour battant en
Europe sur le bien-fondé des frappes, a répondu que "les preuves parlaient
d'elles-mêmes".
Vote incertain
Le monde a
désormais les yeux rivés sur le Congrès américain, où l'issue du vote sur le
recours à la force demandé par le président Obama apparaissait de plus en plus
incertaine. Les plus hauts responsables de l'administration Obama ont multiplié
les appels aux élus pour les convaincre et devaient à nouveau lundi se rendre
au Capitole pour des réunions d'information à l'aide de vidéos montrant des
victimes de l'attaque et diffusées en boucle sur les chaînes américaines.
Encore dimanche
soir, Barack Obama s'est rendu à la résidence du vice-président Joe Biden pour
parler avec des sénateurs républicains, selon la Maison-Blanche. Le calendrier s'est resserré. Au Sénat, le débat
sur la résolution autorisant l'usage de la force, déjà adoptée en commission,
ne commencera formellement que mardi. Un premier vote important pourrait
intervenir dès mercredi. À l'heure actuelle, la résolution prévoit une durée
limite de 60 jours, prolongeable à 90 jours, et l'interdiction de troupes au
sol dans le but d'opérations de combat.
Kerry s'active sur le front diplomatique
Du côté de la
Chambre des représentants, les dirigeants républicains n'ont pas annoncé de
calendrier précis, se contentant de prévoir un vote "dans les deux
semaines". L'administration Obama, sur le front intérieur comme à l'international,
a jeté toutes ses forces dans cette bataille. Dimanche, le
secrétaire général de la Maison-Blanche Denis McDonough a martelé la nécessité
d'une riposte limitée. "J'ai parlé avec des dizaines d'élus cette semaine
[...], nous n'avons pas l'intention de perdre le vote" au Congrès, a-t-il
indiqué. Mais, a répondu un partisan d'Obama, le démocrate Elijah Cummings, le
président "doit démontrer, avant toute chose, qu'il en va de l'intérêt
national des États-Unis".
Sur le front diplomatique, John Kerry devait regagner
Washington lundi après avoir rencontré à Londres dans la matinée son homologue
britannique William Hague, dont le gouvernement a dû renoncer à s'associer à
une intervention en Syrie, après un veto du Parlement. De son côté, le ministre
syrien des Affaires étrangères Walid al-Muallem devait se rendre à Moscou,
allié indéfectible de Damas. Pendant tout le week-end, Paris et Washington ont
affiché leur détermination à "sanctionner" militairement le régime
syrien, se targuant d'un soutien international "large et grandissant"
à une action militaire. John Kerry a
rencontré à Paris ses homologues de plusieurs pays arabes ainsi que le
secrétaire général de la Ligue arabe Nabil el-Arabi. "Nous étions unanimes
à dire que le recours odieux par Assad aux armes chimiques ([...] a franchi une
ligne rouge internationale", a-t-il souligné. Samedi, les ministres des
Affaires étrangères de l'Union européenne avaient appelé à une "réponse
claire et forte" aux attaques chimiques.
Le président
français François Hollande a promis de s'adresser à son opinion, mais après le
vote du Congrès et la remise du "rapport des inspecteurs" de l'ONU
qui ont enquêté sur l'attaque du 21 août. Pour la plupart des États de l'UE, ce
rapport attendu dans les jours à venir est une étape essentielle, susceptible
de confirmer de manière indépendante les accusations d'attaques aux gaz
toxiques. Pourtant il ne devrait pas, comme l'a dit Ban Ki-moon, dire qui en est
l'auteur.
Selon la presse
américaine, le Pentagone se prépare en tout cas à des frappes plus longues et
plus intenses que prévu, pendant trois jours, avec un barrage massif de tirs de
missiles de croisière. Un responsable du département de la Défense interrogé
par l'AFP a toutefois indiqué que l'ampleur et l'objectif des frappes n'avaient
pas changé ces dernières semaines même si les États-Unis ajusteraient leurs
forces au besoin. Principal soutien régional de Damas, l'Iran a réaffirmé
dimanche son hostilité à toute intervention étrangère en Syrie, tout comme la
diplomatie irakienne. Israël a de son côté déployé son bouclier antimissile
près de Jérusalem, a constaté dimanche un correspondant de l'AFP.
=Le Point.=
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